Du « zéro phyto » pour pas cher

La ministre de l’Écologie vient de lancer une opération anti-pesticides, qui ne concerne que les zones non agricoles. Grosse déconvenue.

Ingrid Merckx  • 29 mai 2014 abonné·es
Du « zéro phyto » pour pas cher
© Photo : AFP PHOTO / FRANCOIS GUILLOT

ségolène Royal est forte en communication. Le 22 mai, la ministre de l’Écologie a lancé l’opération : « Terre saine, villes et villages sans pesticides ». Le titre ne manque pas d’allure, à peine quinze jours après l’intoxication en Gironde de la moitié d’une école par l’épandage du viticulteur voisin. Et alors que des spécialistes, comme le professeur Sultan, chiffrent à plusieurs millions les malades des pesticides [^2].

Sauf que le projet lancé par la ministre ne concerne que les zones non-agricoles. Certes les espaces verts et les jardins sans intrants dès aujourd’hui – la loi Labbé du 23 janvier préconise 2020 –, c’est déjà bien. En témoigne l’expérience menée depuis quelques années en Poitou-Charentes, région de la ministre. La création nationale d’un label et la mobilisation des agences de l’eau ? Il faut assurément en passer par là, et par l’éducation dans les écoles, la sensibilisation de tous les jardiniers, professionnels et particuliers. Mais quel sens cela a-t-il de préserver, par exemple, un « square zéro phyto » au milieu d’un village, si tous les champs alentour sont pollués ? La ministre espère-t-elle que les substances s’arrêtent aux barbelés ? Les usages non-agricoles des pesticides représenteraient entre 6 et 10 % de la consommation totale. Les supprimer ne mange pas de pain. Mais sans adopter de mesures agricoles contraignantes, cela revient à ne distribuer que quelques masques lors d’une forte alerte à la pollution.

[^2]: Voir Politis n° 1303 (15 mai 2014).

Écologie
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