Ukraine : Le chaud et le froid

Les dirigeants russes alternent les propos rassurants et les menaces, mais dans l’est du pays, la violence gagne du terrain.

Denis Sieffert  • 1 mai 2014 abonné·es

On devine assez clairement quelles sont les fins que poursuit Vladimir Poutine. Ce qu’on ignore – et lui-même peut-être aussi –, ce sont les moyens qu’il va employer pour y parvenir. Son objectif, c’est évidemment d’affaiblir le nouveau pouvoir de Kiev pour imposer une fédéralisation du pays, qui serait aujourd’hui synonyme de démantèlement.

Pour cela, le Président russe est amené à jouer un jeu dangereux en instrumentalisant sur place des milices qui ne cessent de gagner du terrain, occupant à présent la plupart des bâtiments officiels des villes de l’est du pays, et retenant en otages sept observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que leurs quatre accompagnateurs. Ces milices pro-russes se sont emparées lundi de la mairie de Kostiantynivka, au nord de Donietsk. Des éléments cagoulés et armés de barres de fer ont surtout attaqué une manifestation pro-ukrainienne, faisant de nombreux blessés, dimanche, dans les rues de la ville. Mais, alors que l’on pouvait redouter que Poutine prenne prétexte de ces violences – qu’il contrôle sans doute plus ou moins – pour justifier une intervention directe de Moscou, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a assuré, lundi, que « les forces russes n’envahiront pas l’Ukraine ». Une « assurance » qui ne convainc pas vraiment dix jours après les accords de Genève, lesquels n’ont pas du tout été respectés. Elle convainc d’autant moins que la situation sur le terrain peut à tout moment déraper. Notamment si l’armée aux ordres de Kiev tentait une opération d’envergure pour reprendre les villes tombées aux mains des milices. Les pro-Kiev ne sont d’ailleurs pas exempts de violences. Ainsi, Guennadi Kernes, le maire pro-russe de Kharkiv, ville de 1,4 million d’habitants, a été grièvement blessé par balle dimanche.

Sur le plan diplomatique, l’administration américaine fait monter la tension en rehaussant l’échelle des sanctions économiques visant des proches de Vladimir Poutine et les responsables de dix-sept sociétés. Quant à l’Union européenne, elle est, comme toujours, divisée. D’un côté, l’Allemagne, et désormais la France, qui jouent plutôt la carte de la modération. Alors que les pays qui appartenaient jadis à la sphère d’influence soviétique, en premier lieu la Pologne, demandent eux de nouvelles sanctions et la protection de l’Otan. On voit clairement comment la stratégie américaine alimente le discours nationaliste de Vladimir Poutine.

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