La Conf’ occupe le terrain

Le syndicat paysan multiplie les actions pour peser sur le gouvernement.

Patrick Piro  • 12 juin 2014 abonné·es

Contre les pesticides, les OGM et les variétés rendues tolérantes aux herbicides (VRHT), pour une agriculture paysanne qui crée des emplois, contre la ferme-usine des milles vaches… Depuis son dernier congrès, en 2013, la Confédération paysanne est régulièrement passée à l’offensive par des actions de terrain pédagogiques ou spectaculaires. Les plus récentes : le démontage d’une partie des équipements de la salle de traite des mille vaches à Drucat (Somme) [^2], le conseiller agriculture de François Hollande retenu quatre heures lors du déplacement du Président à Rodez il y a dix jours. « Démocrates et convaincus de l’action politique, pertinents et impertinents ! », scande Laurent Pinatel, porte-parole médiatisé de la « Conf’ », en clôture de l’assemblée générale annuelle du mouvement, jeudi dernier à Montreuil (93). Mikel Hiribarren, l’un des secrétaires nationaux, reconnaît que, « si leur intensité peut faire débat en interne, les actions font l’unanimité, elles ont été actées par le collectif ». C’est l’indignation qui domine face à la répression disproportionnée qui a frappé à Drucat, avec cinq militants en garde à vue pendant 48 heures. Cette stratégie vise à redonner un coup de fouet à un syndicat en déficit de visibilité et d’influence dans le débat public ces dernières années, en même temps que s’amenuisent ses forces militantes. « Pensez-vous que l’on aurait parlé des mille vaches si nous nous étions contentés d’une conférence de presse pour dénoncer ce modèle agricole destructeur d’emplois et prédateur de terres ?, défend Laurent Pinatel. Nous sommes aujourd’hui au cœur des débats. »

Depuis un an, la Confédération paysanne s’est régulièrement accrochée avec le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. « Alors que le nombre de paysans a été divisé par deux, que l’emploi est une priorité nationale, nous n’avons jamais obtenu de sa part la réponse à notre question : “Combien de paysans voulons-nous en France ?”, témoigne Laurent Pinatel. Lui défend la production, nous les producteurs. » Le syndicat ne compte pas lâcher prise sur l’affaire désormais emblématique de la ferme-usine. Alors que ses cinq militants interpellés seront présentés au tribunal d’Amiens le 1er juillet, il compte organiser dans la ville un « procès de l’agro-industrie ». Des mouvements d’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, partageant une vision commune de l’utilisation des terres, y sont attendus.

[^2]: voir www.politis.fr/1000-vaches-garde-a-vue-pour-cinq,27213.html

Écologie
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