Simple question de justice

Il est plus que temps de réclamer un prix Nobel de la paix pour M. Netanyahou.

Sébastien Fontenelle  • 30 octobre 2014 abonné·es

Je suis comme toi, Emma : plutôt de gauche. Il me déplaît donc – c’est à ça qu’on nous reconnaît, nous autres qui sommes plutôt de gauche, et qu’on nous différencie relativement facilement de MM. Valls und Zemmour –, il me déplaît donc, disais-je, que des injustices perdurent trop au-delà du raisonnable. Rexemple [^2] : j’ai l’assez nette impression que les gigantesques mérites de M. Netanyahou sont (très) insuffisamment reconnus – nonobstant l’effort constant que fournissent quelques-uns des plus fins penseurs du temps (je pense évidemment à M. BHL et à M. Bernard-Henri Lévy) à l’effet de nous montrer qu’Israël est, sous sa gouverne, une démocratie d’autant plus exemplaire qu’elle est, toujours selon ces élevés esprits, « la seule de la région ». Car tout de même : voilà un homme qui, depuis des années, se dédie non moins, et ce n’est pas peu dire, que fit en son temps et en d’autres lieux M. (Hendrik) Verwoerd au renforcement de l’amitié entre les peuples, et à leur rapprochement, bien sûr.

Ainsi, et pour ne rien dire de ses élans des ans précédents : rien que dans le courant de l’été qui vient de s’achever, M. Netanyahou a délégué vers les populations palestiniennes de son proche entour plusieurs dizaines de milliers de ses soldats, réservistes compris, pour un résultat qui aurait de mon (modeste) point de vue dû faire taire jusqu’à ses plus féroces détracteurs, puisque aussi bien cette initiative n’a fait que 2 000 mort(e)s (dont plusieurs centaines d’enfants) dans lesdites populations – soit un bilan tout à fait pondéré quand on pense au carnage qu’aurait pu être l’opération « Bordure protectrice » (c’était le joli petit nom de cette intervention) sans l’impressionnante tempérance du chef du gouvernement israélien.

Puis ensuite – et jusqu’à tout récemment –, ce gouvernement n’a plus jamais cessé de montrer, par de nombreux signaux (qui n’auront guère surpris que les observateurs trop pressés de la réalité des relations israélo-palestiniennes), qu’il ne restait jamais plus de quelques microsecondes sans penser très fort à ses Arabo-musulman(e)s de proximité : je songe notamment à sa décision (que n’aurait, gageons-le, point désavouée M. Verwoerd) de faire en sorte que les ouvriers palestiniens ne puissent plus prendre les mêmes autobus que les colons pour rentrer en Cisjordanie après leurs dures journées de labeur, ou à celle, non moins remarquable, qui lui a fait hâter la construction de mille nouveaux logements à Jérusalem-Est, et non, Mohammed, non, ce trois-pièces n’est pas du tout pour toi. Je crois donc – et mi piacerebbe que tu le croies désormais avec moi – qu’il est plus que temps qu’ensemble nous réclamions un prix Nobel de la paix pour M. Netanyahou : simple question de justice.

[^2]: Tu œuvres à la confection d’un dictionnaire des mots qui n’existent pas mais qui font gagner du temps, non moins qu’un espace point complètement négligeable quand tu disposes en tout et pour tout de 3 000 signes par semaine pour dire tes nigauderies ? Call me, je t’en filerai deux douzaines.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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