Fin de vie : Respecter le patient

Le rapport remis le 12 décembre remet la volonté du malade en tête des priorités. Mais va-t-il assez loin sur « l’aide à mourir » ?

Ingrid Merckx  • 18 décembre 2014 abonné·es

Dissensus ? Le débat sur la fin de vie a divisé jusqu’au sein de la mission parlementaire. L’entretien avec Alain Claeys (PS, Vienne) publié le 27 novembre dans Libération lui aurait valu des échanges houleux avec Jean Leonetti (UMP, Alpes-Maritimes). Les deux responsables de la mission s’opposant sur les termes employés à deux semaines de la remise de leur rapport sur la fin de vie. Alain Claeys avait déclaré : « Pour la première fois, nous parlons d’une aide à mourir. » Il faisait allusion au fait de rendre possible la sédation profonde et terminale jusqu’au décès pour les personnes incurables, dont le pronostic vital est engagé ou voulant mourir. Ceci permettant de « régler la quasi-totalité des cas », y compris celui d’un Vincent Lambert, patient qui a mis en évidence les limites de la loi Leonetti de 2005. Le député UMP préférait pour sa part la possibilité d’une « sédation en phase terminale », dans le but de « dormir avant de mourir ». Aider à mourir restant pour lui la ligne à ne pas franchir.

Deux semaines plus tard, a-t-elle été franchie ? Le rapport rendu le 12 décembre au président de la République contient une proposition de loi (PPL) rédigée de manière à être immédiatement déposée. En trois pages et douze articles, elle répond au principal reproche adressé à la loi Leonetti et remet la volonté du patient en tête des priorités. Ainsi, le « droit à recevoir des soins visant à soulager la douleur » serait remplacé par le « droit à une fin de vie digne et apaisée ». Son premier article rend les directives anticipées (rédigées par les patients) contraignantes. Son deuxième instaure un droit à une sédation profonde « associée à l’arrêt de tout traitement, y compris la nutrition et l’hydratation artificielles ». Insuffisant !, tancent les partisans du « suicide assisté ». Dont EELV, qui rappelle que la sédation profonde et continue existe déjà et que rendre contraignantes les directives anticipées « est très loin d’une véritable liberté donnée au patient de choisir sa fin de vie. » La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) considère au contraire que la PPL répond aux inquiétudes des Français qui redoutent de subir un acharnement thérapeutique, de souffrir et d’être mal accompagnés. Mais quelle contrainte pour les directives anticipées ? Reprise du débat en janvier.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Incels, pédoporn et IA : l’essor des petites amies virtuelles
Enquête 18 juillet 2025 abonné·es

Incels, pédoporn et IA : l’essor des petites amies virtuelles

À l’instar d’Ani, la récente création d’Elon Musk, les petites amies virtuelles dopées à l’IA se multiplient sur internet. Programmés pour être hypersexualisés, voire ouverts à la pédopornographie, ces avatars sont de plus en plus populaires.
Par Thomas Lefèvre
« L’érotisation de la domination masculine ne se résume pas à la pornographie »
Entretien 18 juillet 2025 abonné·es

« L’érotisation de la domination masculine ne se résume pas à la pornographie »

Docteur en sciences de l’information et spécialiste de la consommation pornographique des jeunes, ludi demol defe considère que la lutte contre la pornographie sert de paravent à celle contre les violences sexuelles.
Par Élise Leclercq
« Le temps de vacances n’est pas considéré au même titre que les autres temps sociaux »
Entretien 17 juillet 2025 abonné·es

« Le temps de vacances n’est pas considéré au même titre que les autres temps sociaux »

Le sociologue Bertrand Réau, auteur d’ouvrages sur les vacances et le tourisme, rappelle comment les vacances se situent au carrefour de nombreuses inégalités.
Par Élise Leclercq
10 000 départs en vacances : l’objectif fou du bassin minier
Reportage 16 juillet 2025 abonné·es

10 000 départs en vacances : l’objectif fou du bassin minier

Dans le Pas-de-Calais, plus de 10 000 personnes pourront s’évader cet été, parfois pour la première fois. Grâce à l’engagement de plusieurs associations et d’élus locaux qui n’ont pas oublié que le droit aux congés était inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme.
Par Élise Leclercq