Le PS s’enferme

Le « grand rassemblement » annoncé par Solférino pour la clôture de ses États généraux a tourné au « huis clos ».

Michel Soudais  • 11 décembre 2014 abonné·es
Le PS s’enferme
© Photo : AFP PHOTO / MARTIN BUREAU

La mise en scène ne fait pas le succès. Pour clôturer ses États généraux – processus de consultation lancé en août à La Rochelle – qui ont abouti à une « Charte des socialistes pour le progrès humain », le PS avait déployé les gros moyens. Un véritable plateau de télévision avait été installé au centre d’un vaste hangar de la porte de la Villette plongé dans une semi-obscurité. Il s’agissait d’enregistrer, sous des écrans géants et les regards du public, une succession d’échanges calibrés sur les têtes de chapitre de ce texte : la nécessité de bâtir un « éco-socialisme », ainsi qu’une « alter-Europe », mais aussi une « nouvelle croissance, productive, qualitative, coopérative », de retrouver « une puissance publique active »…

Un étalage de bons sentiments débités au milieu d’un public passif. Au plus fort de la journée, il n’y avait guère plus de cinq cents socialistes dans la salle pour s’intéresser à ce débat « hors-sol » qui évitait soigneusement de confronter « le dire et le faire », comme s’en est ému Emmanuel Maurel, de l’aile gauche du PS. Un débat, qui plus est, déserté par l’immense majorité du gouvernement et par le courant Un monde d’avance, de Benoît Hamon. Et qui s’est achevé à huis clos quand, peu avant 16 h, le service d’ordre a précipitamment fermé les portes à quelque 300 intermittents et précaires qui souhaitaient s’y inviter et lire un texte. Ces derniers, rapporte la CIP-IDF [^2] sur son site, ont été reçus « avec des crachats et à coups de poing, de pied, de gaz lacrymogène, de matraques télescopiques et de… Taser » avant l’arrivée d’impressionnants renforts de police. Il restait pourtant assez de chaises libres pour les accueillir.

C’est dans cette ambiance crépusculaire ** que Jean-Christophe Cambadélis s’est néanmoins félicité de l’adoption de cette Charte, approuvée par 78 % des 52 000 militants qui ont participé au vote, présentée comme la première étape de « la remise en forme de la maison socialiste ». La seconde, qui doit porter sur l’organisation, doit se décider samedi, en conseil national. Jean-Christophe Cambadélis entend notamment « ouvrir la maison » et faire du PS un « parti de masse » de 500 000 adhérents en 2017. Ce qui passe par un changement du mode d’adhésion et une révision du prix des cotisations.

[^2]: Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France.

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