Allemagne: Manifestations de tolérance contre défilés islamophobes

Depuis la fin du mois d’octobre, des défilés contre «l’islamisation de l’Allemagne» rassemblent toujours plus de participants. Face à elles, des contre-manifestations rejettent le mouvement.

Lena Bjurström  • 6 janvier 2015 abonné·es
Allemagne: Manifestations de tolérance contre défilés islamophobes
© Photo : Manifestation contre Pegida et contre l'intolérance, à Hambourg (Bodo Marks / DPA / dpa Picture-Alliance/AFP)

Ils se font appeler les «Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident» (Pegida). Depuis fin octobre, ils manifestent leur colère dans les rues de Dresde, puis d’autres villes allemandes. Leurs cibles ? L’islam, les étrangers, le multiculturalisme, les élites politiques, les médias, tout ce qui, selon eux, s’attaque à la culture chrétienne allemande.

Jusqu’ici, rien de bien neuf, un groupuscule d’extrême-droite comme tant d’autres, qui n’inquièterait pas tant si ce mouvement n’avait pas grandi jusqu’à rassembler 17.500 manifestants à Dresde, trois jours avant Noël.

Hier, ils étaient 18.000, selon la police. Depuis l’appel sur les réseaux sociaux du quadragénaire au passé trouble Lutz Bachman, le mouvement a suffisamment enflé pour inquiéter citoyens et politiques allemands. Qui n’ont pas attendu pour réagir, à Dresde comme ailleurs.

3.000 contre-manifestants se sont ainsi rassemblés hier à Dresde, avec pour slogan «Venez, on va parler ! Attaquons-nous vraiment aux problèmes !» . A Hambourg, ils étaient 4.000 à répondre à l’appel du collectif «Européens tolérants contre la crétinisation de l’Occident» (Tegida). Un peu partout dans le pays, des manifestations ont été organisées pour dénoncer l’intolérance.

Une réaction au mouvement qui a commencé dès le début de l’hiver à Dresde, où 9.000 habitants ont protesté, le 10 décembre, contre la montée de l’intolérance, face à 10.000 manifestants de Pegida.

Tout au long du mois de décembre, ce mouvement d’extrême-droite a été dénoncé par des politiques de tous bords, dont Angela Merkel.

Lors de la manifestation d’hier, plusieurs villes ont éteint les éclairages extérieurs des mairies et de monuments comme la porte de Brandeburg, à Berlin, en signe de protestation contre Pegida.

Jusqu’aux responsables de l’église catholique à Cologne qui, au nom de la lutte contre les discriminations, ont préféré éteindre les éclairages de la cathédrale plutôt que «d’offrir un beau décor» à ce mouvement.

Pour aller plus loin…

« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »
Politique 15 octobre 2025

« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »

Après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu et l’annonce de la non-censure par le PS, Rémi Lefebvre, politologue, professeur à l’université de Lille et à Sciences Po Lille, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Une justice en visio, rendue loin des regards
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

Une justice en visio, rendue loin des regards

Depuis le covid et la loi asile et immigration promulguée en janvier 2024, la justice en visioconférence se développe dans des annexes de tribunaux au sein des centres de rétention. Ces audiences cruciales pour la liberté des personnes menacées d’expulsion ont lieu sans public et au mépris des droits de la défense.
Par Pauline Migevant
En Essonne, des vies suspendues au rendez-vous de la préfecture
Reportage 15 octobre 2025

En Essonne, des vies suspendues au rendez-vous de la préfecture

En Essonne, depuis 2022, la préfecture ne donne plus de premier rendez-vous pour les demandes d’aide exceptionnelle au séjour. Pour les étrangers concernés, les tribunaux semblent insaisissables.
Par Pauline Migevant
Droits des étrangers : une justice de plus en plus expéditive
Enquête 15 octobre 2025 abonné·es

Droits des étrangers : une justice de plus en plus expéditive

Sous la pression des chiffres, le traitement des dossiers d’étrangers par la justice administrative se dégrade. Ce qui était urgent il y a quelques années ne l’est plus. Des vies basculent. Sous couvert d’anonymat, six magistrats administratifs ont accepté de nous parler. Récit d’un délitement.
Par Pauline Migevant