Donner ses organes post-mortem

En l’absence de choix explicite, ce sont les proches qui décident.

Pauline Graulle  • 12 mars 2015 abonné·es

Que faire ?

En parler ! D’accord, la discussion sur le don d’organes n’est pas forcément la chose la plus facile à aborder entre le fromage et le dessert pendant les repas de famille… Mais, s’il vous arrive malheur, les médecins se tourneront d’abord vers vos proches pour savoir si vous n’étiez pas opposé à faire don de vos organes de votre vivant. Et ce, même si vous possédez une carte de donneur – elle n’a pas de valeur légale et, bien souvent, n’est pas retrouvée à temps, sachant qu’un cœur, par exemple, se « périme » au bout de quatre heures maximum…

Si vous ne leur avez pas fait part de votre choix, ce sont vos proches qui décideront à votre place et qui auront le dernier mot. Or, souvent, parce qu’ils ignorent ce que le défunt aurait souhaité, ils préfèrent, par précaution, refuser le prélèvement d’organes.

Si vous êtes radicalement opposé à ce qu’on touche à votre corps après votre mort, il faut, là encore, en avertir vos proches. La loi française pose en effet le principe que chacun est donneur. Mais vous pouvez aussi demander votre inscription au registre national des refus de dons d’organes : il faut télécharger un formulaire et le renvoyer par courrier à l’Agence de la biomédecine, qui coordonne les prélèvements et répartit l’attribution des greffons 24 heures sur 24. Si vous changez d’avis, il suffit d’en informer l’Agence.

Pourquoi ?

Faire de son malheur le bonheur des autres : c’est une bonne raison de donner ses organes, non ? En France, un peu plus de 5 000 greffes ont lieu chaque année, pour 19 000 personnes qui en auraient besoin (et ce chiffre augmente chaque année). Si un donneur, prélevé plusieurs fois, peut sauver la vie de quatre personnes, on manque néanmoins cruellement de donneurs ! Or, aujourd’hui, on peut donner même sans mourir dans la fleur de l’âge : jusqu’à 60-70 ans (sauf pour le cœur, rarement prélevé après 60 ans). Et on peut être donneur même si l’on est malade : les médecins jugeront, au cas par cas, de la possibilité du prélèvement. Cependant, celui-ci n’est possible que dans certains cas de décès, le plus souvent consécutifs à un arrêt cardiaque, à un trauma crânien ou à un AVC, qui ne représentent que 1 % des décès à l’hôpital. Ce qui fait du don d’organes un geste rare et particulièrement précieux. Les organes les plus transplantés sont le rein (3 069 greffes en 2013), le foie (1 239), le cœur (410), les poumons (298) et le pancréas (85). Mais on peut aussi greffer os, cornée, peau ou intestin… Attention, le don d’organes n’a rien à voir avec le fait de léguer son corps à la science, qui est payant pour le donateur (il doit payer les frais de transport et de conservation du corps).

Comment ?

  • Pour toute question : www.dondorganes.fr.
  • Pour demander sa carte de donneur, rendez-vous sur le site de la Fédération pour le don d’organes et de tissus humains : www.france-adot.org
Le geste utile
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