Le cyber-harcèlement, cause nationale

La mode des réseaux sociaux vient amplifier le phénomène des violences verbales, très répandu au collège.

Milda Titouah  • 26 mars 2015 abonné·es
Le cyber-harcèlement, cause nationale
© Dessin : Léa Delin, 2015

Le cyber-harcèlement est l’une des formes de danger les plus présentes sur Internet. L’évolution des réseaux sociaux et l’addiction des adolescents aux nouvelles technologies encouragent malheureusement son développement. Ainsi, dans notre collège, 56 % des élèves passent plus de deux heures par jour à « snapchatter » (utiliser Snapchat, voir encadré) ou à naviguer sur de nombreux réseaux sociaux.

Au collège Camille-Corot, 45 % des élèves ont pour réseau social préféré Snapchat. Deux fois plus que Facebook, avec 23 %. Ce nouveau réseau social cartonne chez les jeunes. C’est une application qui consiste à envoyer des photos ou des vidéos aux destinataires que vous avez dans votre liste d’amis, avec une zone de texte limitée et un temps de visualisation défini d’une à dix secondes. Cependant, attention : les destinataires peuvent faire des captures d’écran. Si Snapchat est autant utilisé, c’est que le concept très original permet de communiquer avec ses amis tout en voyant leur visage ou même d’entendre leur voix à travers les vidéos. On se sent plus proche de la personne à qui on parle. Snapchat a aussi un côté amusant : nous pouvons dessiner sur nos photos grâce à différentes couleurs mises à disposition. Alors, pourquoi Facebook n’attire plus les ados ? Rien de nouveau sur ce réseau, qui n’a pas su se renouveler pour plaire aux jeunes. Seuls les adultes sont encore fans de Facebook. Ils y mettent des selfies qui seraient bien mieux sur Snap’ ou Insta’… À vous de comprendre ! Prescillia Duarte Da Silva , élève de 3e
Illustration - Le cyber-harcèlement, cause nationale

Si 60 % des jeunes interrogés se rendent bien compte qu’il est dangereux d’exposer sa vie privée, la frontière entre la rigolade et la moquerie méchante est parfois difficile à identifier. Ainsi, 5 % des élèves avouent avoir été victimes de cyber-harcèlement, un chiffre étonnant sachant que la moyenne nationale est d’environ 40 %… Il ne s’agit plus seulement de photos compromettantes, maladroitement diffusées, menant parfois à des conséquences tragiques, les faits sont devenus bien plus complexes. Dénigrement, menaces, insultes, chantage, manipulation : le choix est vaste et les conséquences aussi. Au collège, il n’en faut pas beaucoup pour se faire insulter ou charrier, un selfie jugé ridicule, c’est une semaine de moqueries garantie. De plus, les adolescents sont des personnes très influençables. Les youtubeurs et youtubeuses sont pour eux de grandes sources d’inspiration. À leur tour, ils publient des vidéos qui, la plupart du temps, les exposent. Vidéos commentées, partagées, et les problèmes sont amplifiés. La virtualisation de nos vies facilite les insultes et les actions violentes sur les réseaux sociaux. C’est pour cela que le harcèlement est plus présent sur nos téléphones que dans la « vraie vie », même si une personne reste la même sur Internet ou dans la cour de récré, une notion que beaucoup d’adolescents ont bien du mal à assimiler.

À l’échelle nationale, le cyber-harcèlement inquiète le gouvernement. L’Éducation nationale diffuse déjà depuis quelques années de nombreux messages aux adolescents par différents moyens (vidéos, affiches…). Le sujet est abordé dans les cours d’éducation civique et des interventions d’associations ont lieu également. À Brest, le collège Saint-Pol-Roux, premier établissement français labellisé « Respect Zone », organise un débat sur la cyber-violence avec tous ses élèves. Cet événement a pour but d’engager les élèves à respecter une charte visant à se respecter les uns les autres, même sur Internet, et à limiter les actes violents sur le Web. Un exemple qui aiderait à réduire considérablement les risques de cyber-harcèlement et qui devrait être suivi par de nombreux établissements.

Milda Titouah , élève de 3e

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