Succès du rassemblement « contre l’islamophobie »

Ayman Khadre  • 8 mars 2015 abonné·es
Succès du rassemblement « contre l’islamophobie »
© Photo: Thomas Samson / AFP

C’est devant une salle comble que sont intervenus, vendredi soir à la Bourse du travail de Saint-Denis, les représentants d’associations et collectifs qui prenaient part à un meeting « contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire » . Il s’agissait surtout de réhabiliter la parole des victimes d’actes islamophobes. Les initiateurs de ce rassemblement avaient organisé la soirée en trois parties: une première consacrée aux témoignages, une deuxième portant sur l’aspect sécuritaire et une troisième dressant un bilan de la situation française actuelle et analysant les perspectives.

Ismahane Chouder, co-présidente de l’association féministe « Mamans toutes égales », a immédiatement donné le ton en dénonçant la « campagne de criminalisation des signataires » et en refusant tout engagement contre l’islamophobie qui exclurait les musulmans ou n’accepterait que les « bons musulmans ». « Il est venu le temps des justes au côté des musulmans » , a-t-elle conclu plaçant le rassemblement sous les auspices de l’œcuménisme et de la solidarité contre tous les racismes.

Après une brève intervention de Madjib Messaouedene, conseiller municipal délégué de Saint-Denis, pour qui « la laïcité ne doit pas être une arme contre les musulmans » , le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a dressé un bilan alarmant de la situation post-attaques contre Charlie avec une augmentation de plus de 100 % des attaques recensées pour les mois de janvier et février 2015. Plusieurs victimes d’actes à caractère islamophobe, et notamment le père du jeune écolier niçois mis en garde à vue pour motif d’apologie du terrorisme, ont ensuite apporté leurs témoignages. Une crainte s’est exprimée que le climat de peur et de mise à l’écart ne pousse les jeunes générations de musulmans à cultiver la haine de l’autre et la désillusion face à un système qui nie certains de leurs droits fondamentaux.

L’intervention de Michèle Sibony, pour l’Union juive française pour la paix, ovationnée par le public, a été l’un des moments fort de la soirée, renforçant l’unité entre les différentes communautés représentées.

Au total, une soirée réussie , avec ses moments de gravité mais aussi d’hilarité comme lorsqu’une lycéenne a raconté avoir été inquiétée dans son lycée parce que sa jupe avait été qualifiée de « religieuse » . Plusieurs intervenants ont appelé à la vigilance et à la mobilisation face à tout ce qui pourrait ressembler à un Patriot Act à la française.

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