Cannes : La palme d’or du chauvinisme
Le palmarès du festival, avec des prix discutables pour la plupart, fait la part belle à un cinéma français très inégal, oublie le beau film de Nanni Moretti et reflète le faible niveau de la compétition.
dans l’hebdo N° 1355 Acheter ce numéro

Après avoir fait acte de solidarité et de camaraderie en regrettant les coupes que le budget de la culture a subies quand Jean-Marc Ayrault était à sa place, Manuel Valls va-t-il bientôt intégrer l’équipe des critiques du « Masque et la Plume » ? La question est légitime tant Matignon semble devenu le dernier endroit où l’on cause littérature (sur le dernier Houellebecq, par exemple) ou cinéma. Pas forcément très élaborés, les avis du Premier ministre, puisqu’ils tiennent dans les 140 signes d’un tweet, mais abondants, ses jugements esthétiques se mêlant à son chauvinisme – car ses compliments ne sont allés qu’aux films français récompensés au palmarès [^2]. Et il avait de quoi faire ! Joel et Ethan Coen, les présidents du jury, avaient-ils revêtu la fameuse marinière chère à Arnaud Montebourg lors des délibérations ? Ou bien ont-ils eu (un peu trop) en tête la phrase inaugurale du délégué général du festival, Thierry Frémaux, à propos de la « belle année » du cinéma hexagonal, lui qui avait placé pas moins de 5 films français sur 19 dans la compétition ? Résultat : la palme d’or pour Dheepan, de Jacques Audiard, et les prix d’interprétation à Vincent Lindon, pour son rôle dans la Loi du marché, de Stéphane Brizé, et à Emmanuelle Bercot, pour celui qu’elle tient dans Mon Roi, de