Presse : vous reprendrez bien un peu de concentration !

Jean-Claude Renard  • 27 mai 2015 abonné·es
Presse : vous reprendrez bien un peu de concentration !
© Photo : Bertrand Guay/AFP

Bernard Arnault est en passe d’être l’un des gros poids lourds de la presse française. À la tête du groupe LVMH, et déjà propriétaire des Échos et de Radio Classique, avec Dior, Vuitton, Kenzo, Le Bon Marché, Moët & Chandon, Hennessy, ou encore Givenchy dans son escarcelle, il vient de se porter acquéreur du Parisien et de sa version nationale, Aujourd’hui en France . Coût de la transaction, qui pourrait se négocier définitivement à la rentrée : 50 millions d’euros. Une transaction discutée avec le groupe Amaury, qui possède donc Le Parisien , mais aussi L’Equipe , et la structure ASO, tournée vers les événements sportifs (Le Tour de France et le Dakar en sont deux exemples). La famille entend justement se recentrer sur le sport, et se débarrasser d’un titre déficitaire. Au passage, on se rappellera que le Parisien était prêt à se vendre pour 200 millions d’euros il y a deux ans… Plus dure sera la chute.

Si l’affaire se conclut, le paysage de la presse va se resserrer un peu plus. Non sans hasard peut-être, à moins de deux ans de la prochaine présidentielle. Voilà à peine une semaine, le patron des Nouvelles Éditions Indépendantes (LNEI), Mathieu Pigasse, annonçait être en négociation exclusive avec les actionnaires de Radio Nova. Lui-même actionnaire du Monde avec Pierre Bergé et Xavier Niel (lequel trio possède entre autres Télérama et L’Obs , Courrier International, La Vie , et le Monde diplomatique ), Mathieu Pigasse, déjà propriétaire des Inrocks , compte rapprocher les deux « marques » (puisqu’on parle aujourd’hui plus de marques et de produits que de titres), en jouant sur les « complémentarités existantes » . Le montant de la transaction s’élèverait entre 12 et 15 millions d’euros. Cela fait quelques mois que son directeur général, Bruno Delport, cherchait un repreneur pour consolider le développement de son groupe. Un groupe comptant une cinquantaine de salariés permanents et affichant une dizaine de millions d’euros de chiffre d’affaires. D’autres ont été sur les rangs, avant de lâcher l’affaire, comme RTL, Next Radio, Vivendi ou Altice, sous la houlette de Patrick Drahi, cador de la téléphonie, propriétaire de Libé . Lequel a récemment racheté l’Express , et possède aussi i24news, chaîne d’info israélienne.

Au reste, à regarder de près, la presse française se conjugue en un mode et trois personnes : je possède, tu possèdes, nous possédons. A ce jeu, on retrouve Serge Dassault, englué dans des affaires judiciaires, mais indéboulonnable propriétaire du Figaro (suppléments compris) ; Xavier Niel, coactionnaire du groupe Le Monde ; ou encore Arnaud Lagardère, à la tête de Paris Match , Elle et du Journal du dimanche (sans compter Europe 1). Liste non exhaustive. La loi anti concentration de 1986 interdit à un groupe de posséder plus de 30 % de la presse d’information quotidienne générale nationale. Entre les Échos et Aujourd’hui en France , Bernard Arnault y arriverait presque (24 %). Vous avez dit pluralisme ?

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