Crise des réfugiés : Les héros anonymes de Lesbos
GRÈCE. En 2015, plus de 810 000 réfugiés sont arrivés dans le pays, venant de Syrie, d’Afghanistan ou d’Irak. Chaque jour, des pêcheurs et des militants portent secours aux naufragés. Reportage de Gwenaëlle Lenoir.
dans l’hebdo N° 1385 Acheter ce numéro

Le jour a viré au gris en cette fin d’après-midi automnale. Une petite foule, prévenue par radio, s’assemble sur le port, jumelles en main, souffle en suspens. Un point grossit sur l’eau, c’est bien le bateau de Pharos le pêcheur. La minuscule embarcation avance lentement vers le port. Elle traîne derrière elle un canot gonflable bien plus lourd qu’elle, qui apparaît et disparaît entre les vagues. Le dinghy en panne de moteur surnage à peine, chargé de dizaines de personnes engoncées dans des gilets de sauvetage gris, rouges et orange. Les visages des réfugiés deviennent visibles, ils sont trempés, terrifiés et soulagés à la fois.
Quand Pharos entre enfin dans le petit port, le moteur hoquetant, des cris de joie s’élèvent au-dessus des eaux. A peine l’esquif à quai, des dizaines de mains se tendent pour en sortir des enfants, des vieillards, des hommes et des femmes. L’une d’elle est au bord de l’évanouissement, elle est transportée à l’hôpital de campagne sur un brancard improvisé.
Pharos, lui, amarre son bateau, quelques jeunes réfugiés le remercient dans un anglais chaleureux et approximatif. Le pêcheur rentre chez lui un sac d’un kilo de calamars au bout du bras, se change et va prendre une boisson chaude dans son café préféré sur le