Calais : l’évacuation partielle de la « jungle » aura bien lieu
Le tribunal administratif de Lille a estimé que l’arrêté d’expulsion des migrants de la partie sud du bidonville était conforme à la loi.

Les associations et les migrants ont perdu. Le tribunal administratif de Lille a validé l’arrêté d’expulsion des réfugiés installés dans cette zone. Toutefois, la préfecture affirme qu’il n’y aura pas d’expulsions par la force et l’ordonnance du juge prend acte que la préfète du Pas-de-Calais « s’est engagée à préserver les lieux de vie ». L’école laïque du Chemin des Dunes, les lieux de culte et le théâtre auront donc la vie sauve mais seront désormais isolés.
Bernard Cazeneuve s’est « réjoui » que « la vérité parvienne enfin à émerger face aux postures et manipulations ». Le ministre de l’Intérieur a annoncé une réunion des associations avec son ministère et le ministère du Logement dans les prochaines heures pour travailler sur l’intégration des réfugiés dans les Centre d’accueil et d’orientation (CAO) et ainsi « garantir une transparence de l’État ».
Il a insisté sur l’aspect humanitaire de l’opération et sur le fait que l’État portera une attention particulière aux mineurs isolés de la jungle. Il a rappelé qu’il reste 500 places dans les tentes de la sécurité civile, quelques places dans les conteneurs du Centre d’accueil provisoire et 500 dans les CAO présents sur tout le territoire. 500 nouvelles places devraient être crées en mars.
Sur son compte Facebook, la maire de Calais, Natacha Bouchart, s’est dite « satisfaite de cette décision responsable qui va permettre de procéder au démantèlement progressif de la partie sud de la jungle dans un délai estimé à trois semaines ».
La porte-parole de l’association L’auberge des migrants, Maya Konforti, a déclaré sur BFMTV que les ONG comptent faire appel au Conseil d’Etat. Elle craint surtout que les migrants s’éparpillent dans la nature et que cela n’engendre « la création de plusieurs petites jungles » un peu partout. Une crainte légitime que la Belgique a anticipé en annonçant le rétablissement des contrôles à la frontière franco-belge.
Huit associations avaient dénoncé des « solutions bâclées » et avaient déposé un recours en référé pour tenter d’obtenir un report de l’évacuation. Le démantèlement était initialement prévu mardi 23 février, à 20 heures. Ce même jour, Manuel Valls déclarait sur RTL : « Il faut apporter une réponse humanitaire à cette situation de Calais ou à Grande-Synthe en mettant à l’abri ces personnes. »
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