Calais : l’évacuation partielle de la « jungle » aura bien lieu

Le tribunal administratif de Lille a estimé que l’arrêté d’expulsion des migrants de la partie sud du bidonville était conforme à la loi.

Vanina Delmas  • 25 février 2016
Partager :
Calais : l’évacuation partielle de la « jungle » aura bien lieu
© Crédit photo : PHILIPPE HUGUEN / AFP

Les associations et les migrants ont perdu. Le tribunal administratif de Lille a validé l’arrêté d’expulsion des réfugiés installés dans cette zone. Toutefois, la préfecture affirme qu’il n’y aura pas d’expulsions par la force et l’ordonnance du juge prend acte que la préfète du Pas-de-Calais « s’est engagée à préserver les lieux de vie ». L’école laïque du Chemin des Dunes, les lieux de culte et le théâtre auront donc la vie sauve mais seront désormais isolés.

Bernard Cazeneuve s’est « réjoui » que « la vérité parvienne enfin à émerger face aux postures et manipulations ». Le ministre de l’Intérieur a annoncé une réunion des associations avec son ministère et le ministère du Logement dans les prochaines heures pour travailler sur l’intégration des réfugiés dans les Centre d’accueil et d’orientation (CAO) et ainsi « garantir une transparence de l’État ».

Il a insisté sur l’aspect humanitaire de l’opération et sur le fait que l’État portera une attention particulière aux mineurs isolés de la jungle. Il a rappelé qu’il reste 500 places dans les tentes de la sécurité civile, quelques places dans les conteneurs du Centre d’accueil provisoire et 500 dans les CAO présents sur tout le territoire. 500 nouvelles places devraient être crées en mars.

Sur son compte Facebook, la maire de Calais, Natacha Bouchart, s’est dite « satisfaite de cette décision responsable qui va permettre de procéder au démantèlement progressif de la partie sud de la jungle dans un délai estimé à trois semaines ».

La porte-parole de l’association L’auberge des migrants, Maya Konforti, a déclaré sur BFMTV que les ONG comptent faire appel au Conseil d’Etat. Elle craint surtout que les migrants s’éparpillent dans la nature et que cela n’engendre « la création de plusieurs petites jungles » un peu partout. Une crainte légitime que la Belgique a anticipé en annonçant le rétablissement des contrôles à la frontière franco-belge.

Huit associations avaient dénoncé des « solutions bâclées » et avaient déposé un recours en référé pour tenter d’obtenir un report de l’évacuation. Le démantèlement était initialement prévu mardi 23 février, à 20 heures. Ce même jour, Manuel Valls déclarait sur RTL : « Il faut apporter une réponse humanitaire à cette situation de Calais ou à Grande-Synthe en mettant à l’abri ces personnes. »

Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Justice climatique : quatorze citoyens en colère
Justice 8 avril 2025 abonné·es

Justice climatique : quatorze citoyens en colère

Plusieurs citoyen·nes et des associations attaquent l’État français en justice pour dénoncer la faiblesse de sa politique d’adaptation au changement climatique. Une action pour lutter contre les inégalités sociales et le sentiment de solitude des sinistré·es climatiques.
Par Vanina Delmas
« Que l’État joue enfin son rôle avec un vrai plan d’adaptation climatique »
Réchauffement climatique 8 avril 2025 abonné·es

« Que l’État joue enfin son rôle avec un vrai plan d’adaptation climatique »

Une action en justice inédite vise les politiques d’adaptation climatique de la France, jugées insuffisantes. Trois sinistrés climatiques témoignent des impacts du changement climatique sur leur quotidien.
Par Vanina Delmas
L’inceste et l’affaire Le Scouarnec : ni silence, ni omerta
Justice 3 avril 2025 abonné·es

L’inceste et l’affaire Le Scouarnec : ni silence, ni omerta

Ces deux termes finissent souvent accolés, a fortiori lorsqu’il s’agit d’expliquer l’impunité d’un pédocriminel comme Joël Le Scouarnec. Mais ce mythe du « silence » occulte une réalité dérangeante : nous savions. Pas tout, mais nous savions. Et nous n’avons rien fait.
Par Hugo Lemonier
Inéligibilité pour Marine Le Pen : séisme extrême
Politique 1 avril 2025 abonné·es

Inéligibilité pour Marine Le Pen : séisme extrême

La prochaine aventure présidentielle de la cheffe de file du Rassemblement national est compromise. La décision juridique du 31 mars dévitalise le parti mariniste, questionnant le rôle de Jordan Bardella et forçant la gauche à se mettre en ordre de marche pour 2027.
Par Lucas Sarafian