En Espagne, « passer de l’indignation à la construction »
Le philosophe Daniel Innerarity décrypte le panorama politique actuel du pays, entre incertitude et remise en question des idéaux citoyens ayant émergé après la crise.
dans l’hebdo N° 1392 Acheter ce numéro

Près de deux mois après les élections, l’Espagne n’a toujours pas de gouvernement. Mariano Rajoy, président sortant et candidat du Partido Popular (PP, droite conservatrice), a refusé de former un gouvernement faute de majorité, et c’est désormais au tour du socialiste Pedro Sánchez de viser l’investiture. Le candidat du PSOE, dont l’unique solution semble être de sceller un grand pacte à trois avec -Podemos et le parti de centre-droit -Ciudadanos, a jusqu’au 1er mars pour consolider cet accord. Sans investiture au 3 mai prochain, de nouvelles élections seront convoquées d’ici à la fin juin.
Avec l’ascension de Podemos et une forte vague d’espérance citoyenne, l’Espagne se retrouve dans une période politique très particulière. Comment définiriez-vous ce moment ?
Daniel Innerarity : Avant la crise, nous étions confrontés à une