Tafta : le double jeu de la France

La France continue de militer à l’échelle européenne en faveur d’une des mesures les plus impopulaires du projet.

Erwan Manac'h  • 25 mai 2016 abonné·es
Tafta : le double jeu de la France
© GONZALO FUENTES/POOL/AFP

La France ne ménage pas ses effets de manche dans le débat sur la zone de libre-échange UE-États-Unis (Tafta). C’est « non à ce stade » des négociations, tranchait François Hollande début mai. L’arrêt des négociations est « l’option la plus probable », ajoutait le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Matthias Fekl.

Pourtant, la France continue de militer à l’échelle européenne en faveur d’une des mesures les plus impopulaires du projet d’accord : les tribunaux arbitraux, une justice privée chargée de « régler les différends entre les investisseurs et les États » (dit « mécanisme RDIE »). L’association Seattle to Brussels, relayée par Le Monde, vient en effet de révéler une note rédigée par la France, ­l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas, défendant ce principe que la France jugeait, il y a un an, « ni utile ni nécessaire ».

Selon les cinq pays européens signataires, cette justice arbitrale permettrait de dépasser la « lenteur » et les « préoccupations en termes de qualité […] et d’indépendance » des justices de certains États. Elle offrirait également, selon le texte daté du 7 avril cité par Le Monde, « un avantage compétitif pour les investisseurs étrangers ».

En d’autres termes, les entreprises étrangères pourraient exercer une concurrence déloyale en s’appliquant les lois de leur pays d’origine. Avec ce type de tribunaux arbitraux, les entreprises étrangères – et elles seules – peuvent faire condamner des États à de lourdes amendes lorsque leurs intérêts sont menacés par une réglementation locale.

Pour aller plus loin…

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas
Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires
Économie 15 octobre 2025 abonné·es

Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires

Lors de son discours de politique générale, Sébastien Lecornu a affirmé avoir entendu le désir, au sein de la population, d’une meilleure justice fiscale reconnaissant même une « anomalie » au sein de la fiscalité des plus fortunés. Sa réponse : une taxe sur les holdings qui ne répondra absolument pas au problème.
Par William Jean et Pierre Jequier-Zalc
Les grands patrons en pleine sécession
Analyse 30 septembre 2025 abonné·es

Les grands patrons en pleine sécession

En appelant à un « énorme meeting » le 13 octobre prochain à l’Accor Arena, le Medef veut moins « remettre de la rationalité dans le débat public » que témoigner qu’il est toujours plus éloigné de l’intérêt général.
Par Pierre Jequier-Zalc
Retraites, assurance-chômage, santé : trois sujets brûlants pour plus d’égalité
Analyse 17 septembre 2025 abonné·es

Retraites, assurance-chômage, santé : trois sujets brûlants pour plus d’égalité

Huit ans de macronisme auront eu raison du mythe égalitaire français. Baisse des APL, réformes de l’assurance-chômage, RSA sous condition, etc. Les coups de semonce ont été nombreux. Passage en revue de trois sujets chauds.
Par Pierre Jequier-Zalc