Le Front national et les chats: les réactions d’un félin de race

Euclide, chat norvégien, réagit aux aux tentatives de captations de voix du FN

Claude-Marie Vadrot  • 13 août 2016
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Le Front national et les chats: les réactions d’un félin de race

Il parait donc que le Front national s’intéresserait aux animaux et plus particulièrement aux chats dont il a « célébré » ( ?) la journée mondiale. Me nommant Euclide et de descendance norvégienne, au nom de mes huit années d’expérience, je ne peux que me méfier d’une telle affection soudaine. Car il n’y a pas si longtemps que ces gens soutenaient fermement les chasseurs. Ceux, qui à l’orée du jardin dont je fais plusieurs fois par an mon territoire suivi ou précédé par ma compagne Euphrazine, s’amusent, les jours de gibecières vides, à tirer au fusil sur tout ce qui bouge. A commencer par mes libres congénères qui, comme moi, commettent le crime de lèse-chasseurs, rapportant un jeune lièvre, voire un écureuil rescapé de leurs exploits.

Je suis un chat libre et indépendant. Ce qui ne me semble pas cadrer avec les discours du Front national qui n’apprécierait sans doute pas que je me sois mis en ménage, il y a quelques années avec une chatte des rues, une SDF des jardins mourant de faim. Je suis de race, mon pédigrée est impressionnant, je pesais entre sept et huit kilos alors qu’elle était malingre et sans domicile : pourtant nous nous entendons très bien alors qu’elle dépasse rarement les quatre kilos. Mon identité féline n’en souffre pas le moins du monde. Et j’accueille volontiers les vagabonds félins qui viennent explorer notre territoire, ne réclamant jamais leur expulsion au-delà des frontières de mon jardin où Euphrazine chasse les mulots.

Que le Front national soit soutenu par Brigitte Bardo et sa Fondation qui a choisi une boite de communication, Riwal, on ne peut plus proche du parti fascisant qui veut conquérir la France, ne fait que renforcer ma méfiance. D’autant plus que je viens d’apprendre dans les gazettes, que le Front de gauche et les Verts enfourchent les mêmes causes avec les mêmes mots. Il ne manque plus dans cette course aux voix des amis des animaux, qu’un message de Vladimir Poutine et des présidents syriens et turcs…

Que l’extrême droite chante désormais les vertus de la protection de la nature et des animaux, domestiques ou non, ne me dit rien qui vaille. Le régime nazi avait déjà choisi des options semblables au nom d’une supposée pureté de la nature faisant écho à celle de la race régnant sur leur « paradis politique » peuplé de grands blonds. Ce qui a longtemps contribué, à jeter la suspicion sur les protecteurs de la nature de l’après-guerre dont les origines conservatrices étaient déjà une première tare. Et je ne vais pas oublier non plus que les catholiques intégristes qui constituent toujours le noyau dur de l’extrême-droite et d’une partie de la droite au moins aussi dure, ont toujours considéré les chats comme des animaux maléfiques. Comme ils le font pour les loups en France, suivant les fantasmes de Christian Estrosi et Eric Ciotti.

Pendant des siècles, leur église à diabolisé loups et chats. Au point bruler ces derniers sur des buchers. Sur ordre des papes, bien souvent. Comme avec la bulle papale de 1253 de Grégoire IX qui proclama que les chats noirs représentaient une réincarnation du diable. Appel aux meurtres félins complété au XV° siècle par une autre bulle d’Innocent VII qui organisa religieusement et catholiquement la destruction de millions de chats, quelles que soient leurs couleurs, dans l’Europe chrétienne ! Nous fûmes même accusés des irruptions des épidémies de peste noire. La haine des cathos contre nous se poursuivit bien au delà de l’Inquisition pendant lesquelles nous fûmes condamnés et brulés avec des milliers de femmes aussi férocement réputés sorcières.

Gardant en mémoire le long compagnonnage des droites plus ou moins extrêmes avec les chasseurs, je rappelle qu’il n’y a jamais eu de chat de chasse…

Avec ma compagne puis…avant le réchauffement climatique

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