Musulmans de France : fantasmes et réalité

Une enquête de l’Ifop répond à un certain nombre de fantasmes islamophobes.

Politis  • 21 septembre 2016
Partager :
Musulmans de France : fantasmes et réalité
© Photo : BOB DEWEL / ONLY FRANCE / AFP

Questions d’origines

« Il est clair que ni mes nom et prénom, qui sonnent très étrangers, ni ma couleur de peau ne m’aident. » Cette phrase résume les conclusions du rapport du Défenseur des droits, Jacques Toubon, sur les discriminations à l’embauche liées aux origines. Sur les 758 témoins, plus de 60 % constatent que ces situations se produisent « souvent » lors des entretiens d’embauche. Rien d’encourageant…

Une enquête de l’Ifop réalisée entre le 13 avril et le 23 mai auprès de 1 029 personnes « de religion ou d’ascendance musulmane » pour l’Institut ­Montaigne et publiée le 18 septembre dans Le JDD, répond à un certain nombre de fantasmes qui font l’ordinaire de la propagande islamophobe. Oui, les musulmans acceptent de se faire soigner par une personne de sexe opposée (97 % pour les hommes, 85 % pour les femmes). Oui, une forte majorité pense que la foi est d’ordre privé (84 %). Et, en ce qui concerne le port du voile-hijab, ce sont les femmes (70 % contre 58 % des hommes) qui y sont le plus favorables. Le halal et le voile ne sont pas conçus comme une obligation, mais comme un droit, y compris pour les « non-religieux » (67 %). La plupart (60 %) disent avoir « un rapport distancié ou inexistant aux lieux de culte ». Moins d’un tiers des personnes interrogées (29 %) estiment que la loi islamique (charia) est plus importante que la loi de la République. Ce qui confirme l’existence d’une minorité (28 %) qui aurait adopté un « système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République ». C’est évidemment ce dernier groupe qui alimente fantasmes et amalgames. Beaucoup sont des jeunes, inactifs et non diplômés. Le facteur social est donc prédominant.

Par ailleurs, cette minorité au sein de la minorité ne peut être confondue avec ceux qui revendiquent « fièrement » leur appartenance religieuse tout en étant respectueux des lois de la République.

Cette enquête, pas inintéressante, mais forcément intrusive et simplificatrice, sera évidemment instrumentalisée. Ainsi, François Fillon s’est empressé d’en conclure qu’un tiers de musulmans sont « radicalisés ou en voie de radicalisation ». Ce que ne dit absolument pas l’enquête.

Société
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »
La Midinale 26 novembre 2025

« À Paris, les manifs pour la Palestine doivent être à la hauteur des autres capitales européennes »

Anne Tuaillon, présidente de l’association France Palestine Solidarité, est l’invitée de « La Midinale ». Ce samedi 29 novembre, 85 organisations dont LFI, le PS, le PCF, les Écologistes, la CGT et beaucoup d’autres, organisent une grande mobilisation pour la défense des droits du peuple palestinien sur la base du droit international.
Par Pablo Pillaud-Vivien
L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses
Décryptage 25 novembre 2025

L’affaire Tran, exemple malheureux d’une justice à deux vitesses

112 plaignantes, 1 gynécologue… et 11 ans d’instruction. En 2027, le docteur Tran sera jugé pour de multiples viols et agressions sexuelles. Plaintes ignorées, victimes oubliées, délais rallongés… Cette affaire témoigne de toutes les lacunes de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Par Salomé Dionisi
« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »
Entretien 25 novembre 2025 abonné·es

« J’étais bloquée face à son pouvoir de médecin »

Julia* fait partie des nombreuses patientes qui accusent le médecin gynécologue Phuoc-Vinh Tran de viols et d’agressions sexuelles. Treize ans après les faits, elle souhaite prendre la parole pour dénoncer les dégâts que causent les lenteurs de la justice.
Par Hugo Boursier
Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »
Entretien 25 novembre 2025

Elena Mistrello, autrice italienne de BD expulsée : « Ce contrôle des frontières concerne tout le monde, en premier lieu les migrants »

Après son expulsion forcée en Italie, elle dénonce dans Politis les moyens de contrôle, de surveillance et de répression déployés par l’État contre les personnes migrantes et les militants.
Par Pauline Migevant