Charbon : Des investisseurs sur liste noire

La pression internationale suscite le retrait de nombre d’institutions publiques ou privées. D’autres s’obstinent à soutenir le secteur du charbon.

Patrick Piro  • 7 décembre 2016 abonné·es
Charbon : Des investisseurs sur liste noire
© FEDERICO GAMBARINI / DPA / AFP

Subventions, sauvegarde d’emplois locaux, défense de l’indépendance énergétique… Le volontarisme des politiques nationales pèse encore beaucoup sur le secteur du charbon. Ainsi, l’Indonésie envisage la construction prochaine de dizaines de centrales, dont la consommation soutiendra les compagnies minières qui voient les importations chinoises de charbon diminuer.

Les acteurs privés sont en revanche motivés par les perspectives économiques ; or, celles-ci sont devenues très incertaines dans le secteur du charbon, qui nécessite des investissements à long terme. La taxation des émissions de CO2 à des montants de plus en plus dissuasifs, perspective probable, plombera la rentabilité de futures centrales. « Les compagnies minières spécialisées dans le charbon battent de l’aile », indique Lucie Pinson, des Amis de la Terre. La pression citoyenne, dans le monde, a suscité le retrait de plusieurs dizaines de milliards de dollars de la part de fonds, d’institutions publiques ou privées. « Un quart des universités du Royaume-Uni n’ont plus d’actifs charbonniers », indique Nicolas Haeringer, du mouvement 350.org. Les énergéticiens sentent aussi le vent tourner. Engie vient de décider la fermeture de la centrale australienne d’Hazelwood, réputée la plus polluante au monde.

Attentives aux réactions de leur clientèle, les banques, investisseurs névralgiques des projets charbonniers, sont particulièrement ciblées par les mouvements citoyens. Si les établissements états-uniens se contentent de réduire l’exposition au charbon de leurs portefeuilles, les banques australiennes s’ajustent avec l’objectif climatique de – 2 °C. En Europe, d’autres vont plus loin, comme le Crédit agricole, qui ne finance plus de nouvelles centrales ou d’acquisition de mines. La Société générale lui a partiellement emboîté le pas, mais BNP Paribas se fait toujours tirer l’oreille [^1].

Prochaine étape pour les militants : débusquer les investissements indirects – gestion d’actifs de tiers impliqués dans le charbon, par exemple. Début 2017, les Amis de la Terre vont révéler une « liste noire » d’établissements à éviter en raison de leur persistance à soutenir le charbon.

[^1] Voir le rapport « Still Coughing Up for Coal » : www.amisdelaterre.org

Écologie
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