Tunisie : Brutal retour du passé ?

Amnesty International s’alarme de la violation des droits humains sous l’état d’urgence en Tunisie.

Politis  • 15 février 2017
Partager :
Tunisie : Brutal retour du passé ?
© Photo : RIADH DRIDI / Citizenside / AFP

Dans un rapport publié le 13 février, Amnesty International s’alarme de la violation des droits humains sous l’état d’urgence en Tunisie. L’augmentation des recours aux méthodes répressives contre les suspects de terrorisme apparaît comme un « sinistre rappel du régime de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali » et une menace pour les avancées qu’a connues le pays ces six dernières années.

À rebours de l’image d’un pays unique rescapé des Printemps arabes, comme en témoignait la Constitution adoptée en 2014, l’ONG rapporte 19 cas d’arrestations arbitraires, mais aussi 138 assignations à résidence et 5 000 interdictions de voyager. Des témoignages dénoncent des arrestations et des perquisitions parfois menées en pleine nuit et sans mandat.

En réaction à l’attaque contre un bus de la garde ­présidentielle qui avait fait douze morts en novembre 2015, l’état d’urgence avait alors été décrété, octroyant des pouvoirs d’exception aux forces de l’ordre. Mais la notion d’urgence a ses limites, et Amnesty prévient que « certains droits tels que l’interdiction de la torture ne peuvent être suspendus en aucune circonstance ». L’organisation précise avoir relevé « vingt-trois cas de torture et de mauvais traitements depuis janvier 2015 », dont un « viol présumé ».

Le rapport, titré « Nous ne voulons plus avoir peur », donne aussi la parole aux proches des suspects qui subissent « un harcèlement » et « des mesures d’intimidation » de la part des forces de l’ordre dans le but d’obtenir des informations. Les craintes liées aux dérives et aux abus sont d’autant plus vives que, le 17 janvier, l’état d’urgence a été prolongé pour un mois.

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier