Amnesty International met à l’amende le décret anti-immigration de Trump

Fondé sur les témoignages de trente victimes du « Muslim Ban », l’association dévoile un document mettant en lumière les préjudices moraux subis par ces personnes.

Donia Ismail  • 12 mai 2017
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Amnesty International met à l’amende le décret anti-immigration de Trump
© photo : Tasos Katopodis / AFP

À trois jours de l’examen par une cour d’appel fédérale du Muslim Ban, ce décret de l’administration Trump qui avait suscité un tollé en début d’année, Amnesty International publie une synthèse, qui souligne et appuie sur l’humiliation ainsi que le stress subi par plusieurs familles lors de sa promulgation.

Malgré la durée limitée d’application de ce premier décret – une semaine –, des centaines de familles ont été touchées par ces préjudices. Au-delà de l’humiliation ressentie, le moral de chacun d’eux qui a été ébranlé.

Une Syrienne, empêchée de se rendre aux États-Unis, confie à l’association la peine et l’angoisse causées par cette interdiction : « Le plus marquant, a-t-elle déclaré, ce fut la tourmente émotionnelle. Vous ressentez que, qui que vous soyez vraiment, quoi que vous réalisiez, on vous colle toujours une étiquette négative. » Un traumatisme pour certains, « la semaine la plus stressante » de leur vie pour d’autres.

Une émotion partagée par les binationaux : « C’était déchirant », a déclaré une citoyenne américaine d’origine iranienne, la voix nouée par l’émotion. « Du jour au lendemain, je suis passée du sentiment d’être Américaine à celui d’être une envahisseuse dans mon propre pays. »

Une promesse de campagne

Déclaré comme anticonstitutionnel par certains avocats américains, le décret anti-immigration de Donald Trump était l’une des promesses phares de sa campagne. Signé le 27 janvier 2017, soit quelques jours après son investiture, il interdisait l’entrée sur le territoire américain de ressortissants venant de sept pays à majorité musulmane. Il fut très vite bloqué par la justice fédérale de Seattle, avant d’être remplacé par un deuxième décret, tout aussi discriminatoire.

Si l’appellation Muslim Ban est aujourd’hui contesté par la Maison Blanche, sa visée discriminatoire ne fait aucun doute. « Ce décret était une tentative flagrante d’inscrire dans la loi une discrimination envers les musulmans », a déclaré Margaret Huang, directrice d’Amnesty International États-Unis. Déclarations orales ou par tweets, personne n’a oublié les invectives de Donald Trump, alors candidat à la présidentielle, à l’égard des musulmans.

Société Monde
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