Un barrage contre les pragmatiques

Ce trio d’émincences – Mailly, Berger, Martinez – se fout très fort de nos gueules.

Sébastien Fontenelle  • 24 mai 2017 abonné·es
Un barrage contre les pragmatiques
© photo : STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP

Monsieur Mailly, Jean-Claude, secrétaire général du syndicat Force ouvrière, explique dans Le Monde (où l’enmarchisme se porte en sautoir) qu’« il ne fait pas de procès d’intentions » à M. Macron, Emmanuel, nouveau chef de l’État françousque. Il ajoute, plein de prévenance, qu’« il faudra voir comment le nouveau président de la République et son gouvernement sauront réagir » aux éventuelles irritations que pourrait susciter leur ambition de parachever bientôt (et sous les hourras de M. Gattaz, Pierre, dont l’existence, depuis quinze jours, semble n’être plus qu’un long orgasme) la répugnante « réforme du droit du travail » (R3DT) initiée, dans le quinquennat précédent, par MM. Hollande et Valls.

Le voisin de M. Mailly, M. Berger, Laurent, de la CFDT – ne ris pas, même jaune –, déclare quant à lui, et dans l’un de ces moulinets qui ont d’assez longue date fait la réputation de sa centrale, qu’« il n’y a pas de réformes acceptées si elles ne sont pas justes, comprises et concertées ».

Un peu plus loin encore : M. Martinez, Philippe, de la CGT – qui passe généralement pour incarner, dans ce trio d’éminences, l’outrance bolcheviste –, prévient, dans Le Journal du dimanche (où l’enmarchisme est une hygiène de vie), qu’il « souhaite une concertation » avec l’Élysée.

Tu l’auras compris : nos trois compères se foutent, là, très (très, très) fort de nos gueules.

Car, en effet, comme nous tou(te)s, ils savent fort bien – les intéressés n’en font nullement mystère – ce que sont les intentions de M. Macron et de son très droitier Premier ministre, M. Philippe, Édouard, qui ne cesse de hurler que « sur la réforme du code du travail, il faudra aller vite ».

Ils savent fort bien que l’exécutif, du haut de son ahurissante arrogance, a très distinctement prévenu qu’il procéderait par ordonnances – au diable la « concertation » – et qu’il profiterait, pour ce faire, comme il est de règle en de tels cas, du creux de l’été – de l’alanguissement estival durant quoi les salarié(e)s oublient tous les ans que leurs tourmenteurs ne prennent pas de vacances.

Ils savent fort bien, pour le dire autrement, que c’est maintenant – tout de suite – qu’il faut organiser la réplique à ce qui s’annonce comme l’une des pires scélératesses législatives de l’époque, et que cette riposte passe évidemment par le seul moyen dont l’efficacité n’a jamais été démentie : la grève. La vraie. La générale.

Celle qui fait qu’au bout de quelques jours, immanquablement, M. Philippe, Édouard, fait tout soudain moins le fanfaron – parce que M. Gattaz, Pierre, abruptement redescendu du haut pays des voluptés, lui rappelle soudain qu’il a quand même des trucs à vendre, et que ça serait bien de lever le putain de barrage de pneus.

Et certes : il y a foooort longtemps que MM. Berger, Mailly et – oui – Martinez ont renoncé à ce moyen – et gagné dans cette désertion les acclamations modulées d’une presse dominante que pâme leur « pragmatisme ».

Mais rien ne dit qu’il n’est plus temps de les rappeler un peu vivement à leurs obligations.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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