Front social : « Le 14 Juillet, c’est pas pour les canons »

Un millier de personnes ont défilé aujourd’hui à Paris, pour faire entendre une autre voix en ce jour de fête nationale et montrer au gouvernement qu’il devra compter avec la rue.

Vincent Richard  • 14 juillet 2017 abonné·es
Front social : « Le 14 Juillet, c’est pas pour les canons »
© Photos : Vincent Richard

C ontre la guerre », « contre la guerre sociale de Macron » et « contre l’état d’urgence permanent » : tels étaient les trois mots d’ordre de la nouvelle mobilisation du Front social aujourd’hui à Paris. Le jour de la fête nationale, et ce n’est pas un hasard : « Le 14 Juillet, c’est pas pour les canons », lance depuis le camion sono Gaël Quirante, syndicaliste de SUD-PTT 92 et animateur du Front social, aux manifestants rassemblés. Contre le faste patriotico-militaire du traditionnel défilé des Champs-Élysées, le Front social voulait mettre en avant les luttes sociales, antiracistes et anticolonialistes.

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Des mots d’ordre larges donc, mais qui, contrairement à la précédente marche organisée par cette coalition le lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, ne seront pas parvenus à mobiliser très largement : entre place de Clichy et La Chapelle, seul un petit millier de manifestants a défilé aujourd’hui, contre 6 000 le 8 mai (un rassemblement organisé après les législatives avait lui aussi été suivi par environ 1 000 personnes). Trop peu pour servir de véritable amorce à un mouvement social massif. Philippe Poutou, candidat du NPA aux deux dernières présidentielles, présent dans la manifestation, estime cependant qu’à son échelle, « ce genre de rendez-vous permet de préparer la rentrée », tout en insistant sur la nécessité pour les syndicats de mener un travail de conviction et de mobilisation beaucoup plus large sur la loi travail, dans les entreprises.

Faire barrage à la politique de Macron

« On n’est ni un aiguillon du mouvement social, ni des suiveurs. On veut rassembler ceux qui luttent », déclare quant à lui Gaël Quirante à Politis. Il s’agit de reprendre la rue sans attendre le mois de septembre (où la confédération CGT appelle à une journée de mobilisation le 12), avec toutes les bonnes volontés encore disponibles au milieu du mois de juillet pour montrer à Macron qu’il doit compter sur le mouvement social pour faire barrage à sa politique.

De fait, l’événement aura rassemblé les milieux militants parisiens dans leur diversité : syndicalistes en lutte contre la loi travail XXL ; associations de défense des migrants, contre le colonialisme, contre les violences policières ou de solidarité avec le peuple palestinien (en réaction à la présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, dimanche 16 juillet, aux célébrations des 75 ans de la rafle du Vel’ d’Hiv’) ; ou encore, à l’occasion de l’invitation aux célébrations du 14 Juillet de Donald Trump par Emmanuel Macron, des ressortissants américains s’indignant de la venue de leur Président en France.

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De jeunes activistes du « cortège de tête » ont également fait le déplacement, ce qui aura valu à la marche une arrivée un peu poussive à La Chapelle, symbole de la lutte pour les droits des migrants à Paris. Les gendarmes mobiles ont en effet jugé utile de maintenir le cortège immobilisé pendant presque trois quarts d’heure à 50 mètres de son lieu de dissolution, craignant des échauffourées de la part des militants cagoulés, pourtant parfaitement pacifiques. Grâce aux tractations des organisateurs, la marche a finalement pu arriver à son terme, où se sont tenues diverses prises de parole. Parmi elles, celle d’Assa Traoré aura été remarquée, à quelques jours du premier anniversaire de la mort de son frère, le 19 juillet. Elle a appelé à poursuivre la convergence des luttes en participant aux célébrations qui auront lieu à cette occasion.

Les prochains mois diront si un mouvement social d’ampleur s’opposera à Macron et à sa politique. Pour l’heure, le Front social a le mérite de ne pas laisser la rue déserte face aux premiers coups de boutoir du gouvernement.