Violences faites aux femmes : la symbolique plutôt que l’argent

Si les mesures annoncées par Emmanuel Macron pour l’égalité femmes-hommes ont été saluées, les moyens pour les mettre en œuvre ne sont pas au rendez-vous.

Malika Butzbach  • 28 novembre 2017 abonné·es
Violences faites aux femmes : la symbolique plutôt que l’argent
photo : la présidente de l'association Femmes Solidaires Sabine Salmon, le médecin urgentiste Patrick Pelloux, l'humoriste et marraine de Women Safe Florence Foresti et la secrétaire d'état Marlene Schiappa avec Emmanuel Macron
© ludovic MARIN / POOL / AFP

Il était attendu au tournant. Vingt-quatre heures avant qu’Emmanuel Macron annonce ses mesures en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, les militantes et associations féministes l’avaient interpellé sous le slogan #SoyezAuRdv.

Ce 25 novembre, Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le Président avait misé sur le solennel. La cérémonie avait commencé par une minute de silence en mémoire des 126 femmes tuées par leurs conjoints (anciens ou actuels) en 2016, avant que le chef de l’État détaille ses trois priorités pour le quinquennat.

Reprenant le vocabulaire des associations féministes, il a privilégié « l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité », « un meilleur accompagnement des victimes » et « le renforcement de l’arsenal répressif ». Certaines propositions répondaient aux revendications des militantes, notamment la limite de 15 ans pour l’âge minimal de consentement à un acte sexuel ou encore la formation des fonctionnaires afin de les sensibiliser au sexisme.

Si les mesures annoncées ont été saluées, elles ont – en même temps – été jugées peu réalistes : les moyens nécessaires à leur mise en œuvre restent flous. Alors qu’Emmanuel Macron se gargarise d’augmenter le budget du secrétariat d’État chargé de l’Égalité femmes-hommes pour le porter à son plus haut niveau, 30 millions d’euros. Après avoir dénoncer un tour de passe-passe et une fausse augmentation : le budget revenant à son niveau de 2016 suite à une diminution de 2017, Caroline De Haas est revenue sur son propos. Le budget dédié aux droits des femmes augmenterait en 2018 de 7 401 euros, passant de 29 772 326 euros à 29 779 727. 

https://twitter.com/carolinedehaas/status/936510504952049664?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E936510504952049664%7Ctwgr%5Ea21a5a97831fe177657ca5f70b503f18213580af%7Ctwcon%5Es1_c10&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.politis.fr%2Farticles%2F2017%2F11%2Fviolences-faites-aux-femmes-la-symbolique-plutot-que-largent-38008%2F

Autre élément de communication mis en avant, l’augmentation du budget interministériel passant de 397 millions à 420 millions (dont 15 % concernent la lutte effective contre les violences faites aux femmes). Une hausse insuffisante pour financer les mesures annoncées par le Président, estiment les associations. Et qui paraît d’autant plus ridicule face aux efforts de l’Espagne (1 milliard d’euros sur cinq ans) ou ceux du Canada (700 000 euros consacrés aux seules associations).

Laure Salmona, co-initiatrice de #SoyezAuRDV, dénonçait, sur France Info, le manque de moyens, estimant que ces annonces « font reposer la responsabilité sur la société civile, sur les associations de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sont exténuées et qui n’ont pas assez de subventions pour fonctionner correctement ». Pour les associations, la réponse est nette : le Président n’était pas au rendez-vous.