« Dans les Balkans, l’UE poursuit des objectifs sécuritaires »
Au Kosovo et dans les États voisins, les offres d’intégration de l’Union européenne ne visent pas tant la stabilisation de la région que sa propre sécurité, explique Catherine Samary.
dans l’hebdo N° 1491 Acheter ce numéro

Il y a peu, les Balkans ont été proches d’une nouvelle explosion, constate Catherine Samary. Car dans les pays nés des décombres de la Yougoslavie, les pouvoirs nationalistes se montrent incapables, loin s’en faut, de traiter la question des minorités en termes de droits humains. Et l’Union européenne, qui exerce une forme de tutelle sur la région, n’est pas plus efficace.
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), qui a fermé ses portes fin 2017, a pu être perçu par l’opinion occidentale comme une réussite du droit. A-t-il fait progresser la réconciliation ?
Catherine Samary : L’analyse complète du bilan du TPIY incombe aux juristes et aux historiens. Néanmoins, on peut affirmer qu’il a eu un rôle ambigu et problématique. La création de ce tribunal par le Conseil de sécurité en 1993 a été d’abord interprétée comme une façade pour cacher son impuissance, puis comme une pseudo-justice à géométrie variable, face à la crise d’une ex-Yougoslavie sujette aux guerres, conflits territoriaux, nettoyages ethniques.
Le TPIY visait principalement à contenir les violences en empêchant les situations d’impunité dans les nouveaux États issus du démantèlement de la Yougoslavie, lesquels ne disposaient pas de frontières ni de droit stabilisés pour des populations dont la citoyenneté n’était pas claire. Or, les plus graves