Roumanie : Machine arrière pour la démocratie
Le gouvernement multiplie les assauts contre l’État de droit, au risque de ruiner les progrès du pays ces dix dernières années.
dans l’hebdo N° 1507 Acheter ce numéro

N ous voulons l’Europe, pas la dictature. » C’est en clamant ce slogan que 5 000 Roumains ont déferlé, le 12 mai, devant le siège du gouvernement à Bucarest et dans les autres grandes villes du pays. Une population fatiguée par la corruption et les abus du pouvoir, qui trouve encore la force de protester. En Roumanie, les manifestations se succèdent depuis janvier 2017 et l’inquiétude est palpable.
Voilà dix-huit mois que le Parti social-démocrate (PSD) a fait son retour au pouvoir, à la faveur des élections de décembre 2016. Dix-huit mois de bras de fer entre un gouvernement qui attaque l’État de droit sur tous les fronts et une société civile qui s’indigne. Élus principalement par la population rurale, les sociaux-démocrates ont convaincu par leurs promesses d’augmenter les salaires et les retraites, d’investir dans les infrastructures et la santé et de réduire les impôts. Signe de l’apathie générale, seuls 39,5 % des électeurs se sont rendus aux urnes : l’un des plus bas taux de participation depuis la fin de la dictature en 1989.
Attablé dans un café de Bucarest, Florin Badita, fondateur de la très populaire page Facebook « La corruption tue » et distingué en mai comme « personnalité européenne de l’année » par Euronews, s’emporte. « En 2016, on avait un gouvernement de technocrates, le meilleur qu’on ait jamais eu. Mais, dès janvier 2017, le PSD a montré son véritable objectif : faire fonctionner