Nicolas Hulot : La fin d’une illusion

Flot de réactions politiques après la démission surprise du ministre de la Transition écologique.

Ingrid Merckx  et  Michel Soudais  • 28 août 2018 abonné·es
Nicolas Hulot : La fin d’une illusion
© photo : BERTRAND GUAY / AFP

L e départ de Nicolas Hulot est la conséquence de l’absence de politique écologique de ce gouvernement », a commenté à chaud Yannick Jadot, chef de file d’EELV aux élections européennes, qui voit dans ce départ « la fin d’une illusion » et « une mauvaise nouvelle pour l’écologie ». « La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron », a réagi dans un tweet Jean-Luc Mélenchon, qui y voit une confirmation de son discours aux Amfis d’été, le 24 août. Notamment le fait que « l’urgence climatique n’est pas compatible avec le modèle du productivisme et du libre-échange que poursuit Macron », a renchéri le député LFI Adrien Quatennens sur BFMTV. Elle « démystifie la grande mascarade du “en même temps”, a estimé Ian Brossat, chef de file du PCF aux européennes. On ne peut pas s’écraser servilement devant les lobbys et en même temps défendre l’environnement ». Tandis que Benoît Hamon y voit « un appel au réveil des consciences global pour engager la transformation de notre modèle de développement. Changer nos modes de production et de consommation, notre rapport au travail et notre relation au vivant, c’est cela la transition écologique ».

À noter aussi, à droite, la réaction isolée d’Alain Juppé : dans un tweet, le maire de Bordeaux, ex-mentor d’Édouard Philippe s’est dit « impressionné par [la] hauteur de vue et la noblesse de [la] démarche » de Nicolas Hulot, et « espère qu’au-delà du buzz politique inévitable, cette décision nous incitera tous à réfléchir et à changer ».

Les ONG ont aussi été nombreuses à réagir, à l’instar de la Fondation pour la nature et l’homme : « La démission de Nicolas Hulot met Emmanuel Macron au pied du mur », note-t-elle dans un communiqué qui dresse ce que devrait être la feuille de route écologiste du gouvernement. Contacté par Politis, Charlotte Mijeon (Sortir du nucléaire) retient qu’« après avoir avalé tant de couleuvres, Nicolas Hulot, en démissionnant, dénonce la présence des lobbys ainsi que l’aveuglement du gouvernement sur le nucléaire, “cette folie inutile, économiquement, techniquement”. Il était plus que temps de le reconnaître ! En tout cas, le voilà désormais libre d’assumer ses convictions, notamment sur Cigéo, à Bure ! »

François Veillerette, de Générations futures, note pour sa part que « la démission de Nicolas Hulot est une surprise sans en être une. Il était seul. Sans marge de manœuvre. Il a tenu dans des conditions difficiles. Il a fait la preuve de l’impossibilité de tenir les engagements écologiques pour ce gouvernement mais aussi les précédents : Delphine Batho avait été démissionnée du gouvernement Ayrault, Nicole Bricq n’était restée qu’un mois en poste… De quoi souligner l’incapacité des pièces rapportées sans pouvoir réel. Ce que montre le départ de Hulot, c’est que même un homme fort ne peut rien si la ligne politique est contraire. Ce qui compte aujourd’hui, c’est quelle ligne politique en matière d’écologie ? »

« La démission de Nicolas Hulot ne suffira pas à réorienter le gouvernement, pronostique Nicolas Haeringer, de 350.org. Mais elle offre une opportunité pour la société civile de prendre la parole. L’heure est moins que jamais aux hommes providentiels, il faut laisser la place aux expérimentations. Les mobilisations, d’abord locales, sont sources d’espoir. »

De nombreux autres associations et responsables politiques ou associatifs se sont exprimés sur Twitter. Florilège :

Notre affaire à tous‏

Appel et rappel de @N_Hulot : les urgences écologiques nécessitent une action élevée et rapide, mais malheureusement la France s’éloigne de ses objectifs.

Jean-Luc Mélenchon‏

La démission de Nicolas #Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron. Il confirme le diagnostic de mon discours de samedi. La macronie commence sa décomposition.

Ian Brossat

La démission de #Hulot démystifie la grande mascarade du #EnMêmeTemps. On ne peut pas s’écraser servilement devant les lobbys et en même temps défendre l’environnement.

Yannick Jadot

Emmanuel Macron a cajolé Nicolas Hulot en terme de communication mais lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions c’est le lobby des pesticides, du nucléaire et de l’agriculture productiviste que le Président suivait. Macron a trahi la sincérité de Hulot, il l’a abimé.

Corinne Morel Darleux‏

En direct sur @franceinter Nicolas Hulot démissionne, sans en avoir averti MM. Macron et Philippe, et – tout en les dédouanant – pointe sa différence de grille de lecture avec le gouvernement, fustige la folie du nucléaire, l’omniprésence des lobbies et les traités de libre échange.

Maxime Combes‏

Pour celles et ceux qui pensent que la démission de @N_Hulot pourrait servir d’électrochoc au sein d’un @gouvernementFR où les lobbys règnent en maître : écoutez donc cette réponse de @BGriveaux qui dit « nous n’allons rien changer puisque nous avons tout bon ».

David Cormand

.@N_Hulot annonce son départ du Gouvernement par l’omniprésence des lobbys. Ce n’est pas anecdotique, c’est fondamental. L’écologie et les biens communs sont encerclés par les intérêts privés. La République en Marche, c’est la République des marchands.

Réseau Action Climat

Nous espérons que cela provoquera l’électrochoc indispensable pour les futurs arbitrages sur : 1-Loi mobilité #LOM 2- Programmation Pluriannuelle de l’Énergie #PPE et #SNBC 3-Loi de finances #PLF

Politique
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