Portugal : la leçon politique de Costa à Bruxelles

À rebours complet de l’austérité appliquée pendant trois ans par la tutelle des institutions financière, le gouvernement portugais a manié l’audace sans démesure : hausse des salaires, des retraites et des prestations sociales, abandon des privatisations en cours et coup d’arrêt à la baisse des contributions patronales.

Patrick Piro  • 31 octobre 2018 abonné·es
Portugal : la leçon politique de Costa à Bruxelles
photo : Le Premier ministre a redressé le pays en s’écartant du dogme austéritaire.
© Emmanuel DUNAND/AFP

Les Cassandre en sont pour leurs frais, qui prédisaient à Lisbonne le retour de bâton promis aux inconséquents qui s’écartent du dogme austéritaire en vigueur dans l’Union. Depuis trois ans, le pays poursuit un redressement qui l’a ramené du bord de la falaise au cercle des « fréquentables ». Deux agences de notation ont sorti sa dette souveraine de la catégorie « investissement spéculatif », désormais moins « à risque » qu’en Italie. Et le gouvernement prépare un budget 2019 à 0,2 % de déficit, équilibre « historique », jamais atteint en quarante ans.

Un « miracle » ? Le terme, récurrent, est un peu condescendant à l’endroit de l’habile équipe du socialiste Antonio Costa, au pouvoir depuis 2015. À rebours complet de la violente cure d’austérité appliquée pendant trois ans par la tutelle des institutions financières (de l’Union européenne notamment), il a manié l’audace sans démesure : hausse des salaires, des retraites et des prestations sociales, abandon des privatisations en cours et coup d’arrêt à la baisse des contributions patronales. Le taux de chômage est tombé à 6,7 %, la croissance reste prévue à un enviable niveau de 2,2 % pour 2019, les comptes publics se sont redressés. Certes, le retour des investisseurs a son revers (forte hausse des prix immobiliers, etc.) et il reste beaucoup à faire pour le social. C’est justement l’objet de la négociation actuelle entre Costa et ses alliés parlementaires de gauche, qui l’ont porté au gouvernement, dans la perspective d’un renouvellement de son mandat à l’occasion des législatives de 2019.

Monde
Publié dans le dossier
10 bonnes nouvelles en Europe
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

En Louisiane, Trump révise la mémoire de l’esclavage
Reportage 16 juillet 2025 abonné·es

En Louisiane, Trump révise la mémoire de l’esclavage

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président des États-Unis mène une offensive contre les institutions culturelles engagées dans la transmission de la mémoire de l’esclavage. Reportage en périphérie de la Nouvelle-Orléans.
Par Apolline Guillerot-Malick
Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert