Espagne : La fin de l’exception antifasciste

Le 2 décembre, pour la première fois depuis la mort de Franco, un mouvement d’extrême droite fait entrer des élus dans un parlement régional, en Andalousie.

Politis  • 5 décembre 2018
Partager :
Espagne : La fin de l’exception antifasciste
© Dirk Steinmetz/DPA/AFP

Au-delà de quelques nostalgiques du franquisme, l’Espagne semblait être l’une des rares nations d’Europe immunisées contre le virus néofasciste. Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a même prévu d’exhumer la dépouille de Franco de la tristement célèbre Valle de los Caídos (photo), monument près de Madrid construit par des milliers de prisonniers politiques. 

Pourtant, le 2 décembre, pour la première fois depuis la mort de Franco (1975) et le retour à la démocratie, un mouvement d’extrême droite, Vox, fait entrer des élus (12 sur 109) dans un parlement régional. 

C’est paradoxalement en Andalousie, région la plus peuplée d’Espagne (8 millions), gérée sans interruption par les socialistes du PSOE depuis la fin de la transition démocratique en 1982, que l’extrême droite (11 % des suffrages) vient ternir la démocratie espagnole. 

Formation groupusculaire jusqu’ici, Vox avait déjà réussi à rassembler plusieurs milliers de personnes à Madrid il y a quelques semaines, avec un discours anti-immigration, antiféministe, eurosceptique, souverainiste et recentralisateur. 

Avec pour modèles déclarés le Rassemblement national (ex-FN) et la Ligue de l’Italien Matteo Salvini, Vox propose ainsi la construction de murs antimigrants dans les enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla, mais aussi d’abroger la loi interdisant d’exalter le franquisme et les textes sur les violences faites aux femmes, et d’interdire les partis indépendantistes basques et catalans. 

Une alliance avec Podemos (17 élus) ne suffira pas au PSOE (33 sièges) pour gouverner la région. Du coup, le Parti populaire, pourtant en recul, et les libéraux de Ciudadanos font les yeux doux aux élus de Vox pour diriger l’Andalousie…

Monde
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)
Analyse 6 juin 2025

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)

Les gauches sont bien à la peine à l’échelle mondiale. Trop radicales, elles perdent. Les moins radicales sont diabolisées. Toutes sont emportées dans un même mouvement. Pourtant, dans un monde où les vents de l’extrême droite soufflent fort, la social-démocratie n’a pas encore perdu la partie.
Par Loïc Le Clerc
Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza
Récit 4 juin 2025 abonné·es

Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza

Plus de 50 000 personnes au sein du territoire enclavé ont été tuées ou blessées par l’armée israélienne depuis le 7-Octobre. Mais le sort des survivants doit aussi alerter. Privée d’éducation, piégée dans un siège total au cœur d’une terre dévastée, toute la jeunesse grandit sans protection, sans espoir.
Par Céline Martelet
À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »
Entretien 4 juin 2025 abonné·es

À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »

Khaled Benboutrif est médecin, il est parti volontairement à Gaza avec l’ONG PalMed. La dernière fois qu’il a voulu s’y rendre, en avril 2025, Israël lui a interdit d’entrer.
Par Pauline Migevant
En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza
Témoignages 4 juin 2025 abonné·es

En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza

Depuis le début de la guerre dans l’enclave palestinienne, les autorités françaises ont accueilli près de cinq cents Gazaouis. Une centaine d’autres ont réussi à obtenir des visas depuis l’Égypte. Parmi ces réfugiés, une majorité d’enfants grandit dans la région d’Angers, loin des bombardements aveugles de l’armée israélienne.
Par Céline Martelet