Le goût subtil de la gentrification
Des restaurants pour une clientèle CSP+ sont souvent le symptôme d’une transformation des quartiers populaires, d’où les habitants d’origine sont peu à peu exclus. Exemple à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, et contre-exemple à la Goutte-d’Or, à Paris.
dans l’hebdo N° 1563-1565 Acheter ce numéro

Il n’y a jamais vraiment de pauses dans la restauration, toujours un petit quelque chose à faire. Il est 15 heures à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le soleil de juillet cogne sur les tables inoccupées de la terrasse, et les cuisines du Yaya n’ont pas encore ouvert pour le service du soir. Pourtant, Charles est loin de se la couler douce. Accoudé au comptoir en bois clair, il plie soigneusement les serviettes immaculées tout en répondant au téléphone pour noter les réservations. « Ici, le plat du jour est à 15 euros, c’est le minimum. C’est sûr, ça tranche un peu avec d’autres coins de la ville. Mais voilà, pour ce prix, les gens mangent bien. Et puis, ils ont du tissu, pas du papier », dit-il en regardant les deux piles qu’il vient de terminer.
Avec ses pitas à 14 euros et ses poissons à 25, ce restaurant d’inspiration méditerranéenne propose une « carte conviviale », « sans chichis sur la table » et des « plats comme au village », peut-on lire avant l’inventaire des délices. Yaya – « grand-mère » en grec – reçoit le midi des employés de bureau et, le soir, des habitants de ce nouveau quartier audonien. « Des CSP+ », conclut le jeune homme à la barbe qui tire vers le roux. Avant d’ajouter : « Les gens qui vivent deux cents mètres plus loin ne peuvent pas se permettre de prendre un menu chez nous. »
Symbole des réorganisations urbaines en cours avec le Grand Paris, « les Docks » semble être le nouveau quartier de la ville où se concentrent toutes les ambitions du maire, William Delannoy (UDI), connu pour avoir tourné la page de soixante-dix ans de communisme local aux
Il vous suffit de vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire :
Pour aller plus loin…

SNU : le gouvernement recule face à la pression de la jeunesse

Immigration : les associations maintiennent la pression contre la loi « Darmanin »

À Sainte-Soline, « une armée face à une foule »
