Scandale au collège

L’adaptation réussie d’un roman d’Yves Ravey. Une fantaisie corrosive sur fond de guerre scolaire.

Gilles Costaz  • 10 septembre 2019 abonné·es
Scandale au collège
© crédit : Giovanni Cittadini Cesi

Naguère porté à la scène par Joël Jouanneau et Jean-Michel Ribes, Yves Ravey (qui est surtout un écrivain important des éditions de Minuit) nous donne une nouvelle pièce comme malgré lui. C’est l’un de ses romans, Le Cours classique, publié en 1995, qui trouve une forme dramatique grâce à l’adaptation de Joël Jouanneau et ­Sandrine Lanno.

Le cadre dans lequel se situe l’action est proche d’un domaine que l’auteur, qui fut aussi professeur, a régulièrement fréquenté : un collège, dont il donne là une image repeinte au gré de sa fantaisie corrosive. Un petit scandale vient d’éclater. Le professeur d’anglais a voulu accompagner ses élèves à la piscine, et les gamins, au lieu de respecter le prof, se sont amusés à le couler. Atteinte à l’autorité ! Sanctions en vue qui pourraient aller jusqu’à l’exclusion !

La pièce se concentre sur deux personnages : le professeur principal et le censeur des études. Le premier est plein de tolérance discrète ; le second est fou des grands principes. Tout pourrait se régler en quelques rencontres compréhensives. Mais le censeur rouvre l’affaire alors qu’elle est déjà classée, pour la mener jusqu’au point où, au nom de préceptes moraux, se développe une haine conjuguée des enfants et des enseignants, avec une terreur doctrinaire aux allures affables.

La mise en scène de Sandrine Lanno, tournée vers les spectateurs comme s’ils étaient tantôt les élèves, tantôt les responsables du collège, trouve un style proche de celui d’Yves Ravey, qui met en parallèle deux discours d’une égale élégance littéraire et pourtant d’une pensée totalement opposée. Les excellents Philippe Duclos et Grégoire Œstermann jouent, dans une douceur trouble, à voix basse (presque trop basse), le contraste de deux attitudes faussement tranquilles. Une transposition réussie.

Le Cours classique, théâtre du Rond-Point, Paris, 01 44 95 98 21, jusqu’au 29 septembre. Tournée : Amiens (4-6 décembre), Marne-la-Vallée (25 janvier), Chelles (28 janvier), Pontault-Combault (31 janvier). Texte aux éd. de Minuit.

Théâtre
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