Migrants en détresse

Pour les milliers de réfugiés du camp de Moria détruit par un incendie, sur l’île de Lesbos, la Grèce aménage un nouveau lieu qui s’annonce pire.

Nathalie Bardou  • 23 septembre 2020 abonné·es
Migrants en détresse
Le nouveau camp provisoire abrite 9u2009000 personnes, qui redoutent d'y rester bloquées.
© Nathalie Bardou

Derrière les épais barbelés, une femme s’avance vers les journalistes en protégeant son visage du vent et de la poussière. Elle est placée en quarantaine avec d’autres familles testées positives au Covid-19 dans le nouveau camp d’urgence installé le long de la mer, entre le village de Panagiouda et la ville de Mytilène, après l’incendie du camp de Moria, qui a laissé 12 000 personnes sans abri. 214 cas de Covid-19 auraient déjà été détectés parmi les 9 000 réfugiés enregistrés depuis la semaine dernière.

Le 19 septembre, les autorités grecques ont organisé une visite rapide, un « press tour » destiné aux photographes et aux cameramen. Près de l’entrée principale, un car de police stationne et des policiers portant bouclier sont alignés. La visite du camp dure à peine dix minutes. Les journalistes sont incités à avancer et à ne pas s’approcher des barbelés. Impossible d’échanger avec les réfugiés et de se faire une idée précise des conditions de vie réelles dans le camp. Depuis les hauteurs, on peut observer que des centaines de tentes blanches marquées UNHCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) s’étendent sur le rivage. Pas un arbre pour apporter un peu d’ombre, elles sont exposées au soleil et au vent de la mer. De l’intérieur, les réfugiés témoignent par téléphone.

« Les conditions de vie sont très difficiles pour nous, explique Wakil, réfugié afghan de 28 ans, qui est arrivé dans le camp avec ses parents et sa sœur. Nous n’avons pas de douche, nous n’avons pas de bonnes toilettes ni d’eau pour faire la vaisselle ou nettoyer le linge. Nous recevons une seule portion de nourriture par jour. On se retrouve à vivre à trois familles par tente, soit dix ou onze personnes. Il n’y a pas d’intimité possible. C’est encore pire que Moria. » À l’extérieur, on voit des réfugiés entrer et sortir du camp, les sorties seraient donc autorisées pour le moment dans la journée. Une bonne nouvelle pour les réfugiés, qui redoutaient de se voir interdire toute liberté de mouvement. Impossible cependant de savoir si tout le monde bénéficie de ce droit.

Sur les 12 000 personnes restées sans abri après l’incendie du camp de Moria, près de 3 000 seraient encore dans la nature. Quelques familles ont trouvé refuge sous les oliviers près de l’ancien camp, l’ONG Team of Humanity hébergeait encore des dizaines de familles le 20 septembre. D’autres réfugiés se seraient enfuis dans la montagne et les villages alentour. Quelques-uns de ces rescapés du camp de Moria, vivant aujourd’hui dans la plus grande incertitude, nous ont livré leur témoignage.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins
En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite
Reportage 1 décembre 2025

En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite

Près de 50 000 personnes venue de tout le pays se sont rassemblées ce week-end à Gießen pour empêcher le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de reformer sa faction jeune, auto-dissoute huit mois plus tôt.
Par Camille Tribout
À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations
Monde 28 novembre 2025 abonné·es

À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations

Un an après la crue meurtrière d’octobre 2024, les habitants de Paiporta sont amers de la gestion de la tragédie par les autorités qui a dévasté la ville. Le parti d’extrême droite Vox a su tirer parti de ce désarroi.
Par Pablo Castaño
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre