Yann Le Lann : « L’écologie revivifie les polarités politiques »
Loin du consensus, le mouvement climat s’ancre à gauche et réinstaure du clivage, selon le sociologue Yann Le Lann.
dans l’hebdo N° 1630 Acheter ce numéro

© Philippe Labrosse / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Le collectif de sociologues Quantité critique est né en 2018 dans le sillage des premières marches pour le climat, pour mener une analyse quantitative, en immersion, des mouvements sociaux contemporains en prise avec l’écologie. Associé à Arte dans le cadre du programme « Il est temps », qui présente plusieurs documentaires consacrés aux mobilisations des nouvelles générations, ce collectif a pu mener une étude de grande ampleur. Sur la base du volontariat, près de 400 000 personnes dans une dizaine de pays ont ainsi répondu à un questionnaire en ligne, avec 150 questions visant à définir un contour plus précis de notre rapport à l’écologie. Yann Le Lann, coordinateur de Quantité critique, présente les premiers résultats, tirés de 35 000 questionnaires exclusivement français.
Quels premiers enseignements tirez-vous de cette étude toujours en cours ?
Yann Le Lann : Le premier, c’est que l’urgence saisit une très grande majorité des répondants, avec la crise climatique qui apparaît comme une cause fondamentale à l’intérieur de cette urgence. Néanmoins, il existe de nombreux désaccords sur les solutions à apporter et sur les façons de résoudre ce problème. C’est le principal résultat que j’en retiens : partager le constat d’alerte ne suffit pas à partager la même réponse. Parmi tous ceux qui considèrent qu’il y a une nécessité d’agir, il n’y a pas pour autant une communauté d’action ou un horizon commun. Il faut aller au-delà du récit d’une « génération climat » homogène pour