Nicolas Bouchaud, chercheur de temps
Dans Sauver le moment, le comédien offre une passionnante traversée de ses trente ans de théâtre. Il nous transmet l’expérience d’un rapport singulier à la durée, dont sont aujourd’hui privés les artistes.
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© Richard Schroeder
Le temps du Covid, pour Nicolas Bouchaud, n’est pas celui du théâtre. C’est même tout son contraire. « Jouer, c’est pouvoir étirer le temps à sa guise. C’est pouvoir inventer du temps, c’est faire l’expérience d’une présence continue au présent, dans un espace partagé avec des spectateurs. On a beau répéter, une pièce n’existe pas sans eux. Nous vivons aujourd’hui dans un temps contraint qui est impropre au théâtre, à l’art », nous dit le comédien dans son appartement parisien.
Depuis ses débuts en tant que professionnel en 1991 auprès du metteur en scène Philippe Honoré, bientôt suivis par sa rencontre fondatrice avec Didier-Georges Gabily, l’artiste n’avait sans doute jamais passé autant de temps dans la capitale qu’en 2020. Car le temps du comédien est aussi celui de la tournée. C’est, par exemple, celui, « suspendu entre deux points », qui s’écoule à bord de l’Adirondack Train reliant New York à Montréal, dont il fait le récit dans Sauver le moment, qui vient de paraître. Dans ce livre, Nicolas Bouchaud creuse tous les aspects d’un rapport au temps qui lui est aujourd’hui confisqué, interdit.
Rares sont les comédiens qui écrivent sur leur pratique. Plus encore ceux qui le font avec une telle finesse, un désir profond de transmettre et non de s’exposer. Nicolas Bouchaud cite l’excellent Face à Médée (1), dans lequel Valérie Dréville livre son journal de répétition de Médée-Matériau sous la direction d’Anatoli Vassiliev : il aime à parler de ceux qu’il admire.
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