Précarité menstruelle : Des règles injustes
Alors qu’elle touche 2 millions de personnes en France, la précarité menstruelle reste méconnue du grand public. En cause : un tabou millénaire. Mais des associations et certains politiques s’activent.
dans l’hebdo N° 1636 Acheter ce numéro

Le regard se fige. On se lève maladroitement. On s’excuse auprès des personnes alentour et on se précipite, plus ou moins discrètement, vers les premiers w.-c. que l’on trouve. Une fois dans la cabine, on constate les dégâts : les règles sont arrivées. On ne s’y attendait pas. On n’a rien pour se protéger. On jette un regard… Il n’y a rien, sinon du papier toilette. Qu’à cela ne tienne ! On en enroule un peu autour du doigt et on dépose l’amas de papier au fond de la culotte en espérant qu’il tienne.
Pour qui a les moyens de s’acheter des protections périodiques, cette anecdote est un désagrément passager, capable de gâcher une journée. Le traumatisme s’arrête là. Mais, en France, la difficulté ou l’impossibilité quotidienne, pour des raisons financières, de se procurer serviettes ou tampons concerne plus de deux millions de femmes et d’hommes trans. C’est ce que l’on appelle la précarité menstruelle.
Étudiant·es, lycéen·nes, collégien·nes, personnes sans domicile fixe ou résidant en foyer, détenu·es… La liste des concerné·es par la précarité menstruelle est longue. Et pour cause : selon un calcul du journal Le Monde, on estime à 3 800 euros le budget nécessaire pour se protéger et réduire les douleurs dues aux règles durant sa période de fertilité (en moyenne trente-neuf ans). À cela s’ajoutent une visite gynécologique annuelle et des dépenses textiles accrues (linge de lit, sous-vêtements…). Au total, avoir ses règles coûterait près de 10 euros par mois. Une somme anecdotique pour