Quartiers populaires : Une loi de séparatisme social

Avec la loi « séparatisme », les associations, véritables relais de l’État, notamment dans les quartiers populaires, craignent d’être empêchées dans leurs missions.

Hugo Boursier  et  Valentin Cebron (collectif Focus)  • 17 février 2021
Partager :
Quartiers populaires : Une loi de séparatisme social
La dalle d'Argenteuil (Val-d'Oise).
© Valentin Cebron

Dans l’épais projet de loi « confortant le respect des principes de la République », adopté en première lecture cette semaine à l’Assemblée nationale et désormais entre les mains du Sénat, on cherchera en vain les mots « islam » ou « musulmans » – la notion d’« islamisme radical » se trouve dans l’exposé des motifs. Pourtant, c’est bien une législation répressive que le gouvernement est en train d’instaurer, dont l’islam est la cible et la préservation de la laïcité le prétexte, visant les associations, les lieux de culte, l’enseignement à domicile… En revanche, le séparatisme entre les riches et les pauvres n’est pas un sujet de préoccupation. Exit les mesures sociales, en particulier contre la discrimination à l’embauche et au logement, promises par Emmanuel Macron lors de son discours aux Mureaux, le 2 octobre 2020, qui annonçait ce projet de loi.

Résultat : les associations, véritables relais de l’État, notamment dans les quartiers populaires comme ceux d’Argenteuil (Val-d’Oise) où la précarité systémique s’est renforcée avec la crise sanitaire, craignent légitimement d’être en butte à des mesures les mettant en danger. À l’heure de l’extrême droitisation des débats publics, leur combat au quotidien, comme celui des organisations qui dénoncent un racisme d’État, pourrait être empêché. Un frein à la solidarité qui révèle, selon plusieurs chercheurs, la crainte plus large de voir des citoyens s’auto-organiser pour défendre leurs droits.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Incels, pédoporn et IA : l’essor des petites amies virtuelles
Enquête 18 juillet 2025 abonné·es

Incels, pédoporn et IA : l’essor des petites amies virtuelles

À l’instar d’Ani, la récente création d’Elon Musk, les petites amies virtuelles dopées à l’IA se multiplient sur internet. Programmés pour être hypersexualisés, voire ouverts à la pédopornographie, ces avatars sont de plus en plus populaires.
Par Thomas Lefèvre
« L’érotisation de la domination masculine ne se résume pas à la pornographie »
Entretien 18 juillet 2025 abonné·es

« L’érotisation de la domination masculine ne se résume pas à la pornographie »

Docteur en sciences de l’information et spécialiste de la consommation pornographique des jeunes, ludi demol defe considère que la lutte contre la pornographie sert de paravent à celle contre les violences sexuelles.
Par Élise Leclercq
« Le temps de vacances n’est pas considéré au même titre que les autres temps sociaux »
Entretien 17 juillet 2025 abonné·es

« Le temps de vacances n’est pas considéré au même titre que les autres temps sociaux »

Le sociologue Bertrand Réau, auteur d’ouvrages sur les vacances et le tourisme, rappelle comment les vacances se situent au carrefour de nombreuses inégalités.
Par Élise Leclercq
10 000 départs en vacances : l’objectif fou du bassin minier
Reportage 16 juillet 2025 abonné·es

10 000 départs en vacances : l’objectif fou du bassin minier

Dans le Pas-de-Calais, plus de 10 000 personnes pourront s’évader cet été, parfois pour la première fois. Grâce à l’engagement de plusieurs associations et d’élus locaux qui n’ont pas oublié que le droit aux congés était inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme.
Par Élise Leclercq