« À l’abordage » : Des cœurs en été
À l’abordage, de Guillaume Brac, subtil portrait de la jeunesse.
Article paru
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Alternant fiction et documentaire, variant les formats d’un film à l’autre, Guillaume Brac – révélé avec le superbe moyen-métrage _Un monde sans femmes_ (2011) – pratique un cinéma d’une grande liberté de geste et de ton, proche de la Nouvelle Vague, en particulier de Jacques Rozier. _À l’abordage_, son deuxième long-métrage de fiction, débute sous l’impulsion d’un longiligne jeune homme noir prénommé Félix. Celui-ci décide de partir dans la Drôme pour y rendre une visite surprise à Alma, rencontrée à Paris un soir du mois d’août, et dont il est tombé amoureux. Il emmène son copain Chérif, également noir mais beaucoup plus rond, tous deux voyageant en covoiturage avec Édouard, garçon blanc de bonne famille qui semble d’abord peu apprécier la compagnie de ses deux passagers… Arrivé dans la Drôme, le trio se retrouve contraint, à la suite d’un incident automobile, de séjourner dans un camping (avec deux tentes pour trois), tout près de la maison des parents d’Asma. D’autres personnages, dont la sœur aînée de la jeune fille, vont les croiser lors de cette semaine de vacance(s) propice aux élans sentimentaux et riche en émotions. Plaçant discrètement la mixité au cœur de son récit, -Guillaume Brac brosse un portrait ouvert de la jeunesse française d’aujourd’hui sans surligner ses intentions sociopolitiques, bien au contraire. Claire et précise, tout en retenue, la mise en scène s’accorde idéalement au scénario subtil et inventif. Plein de charme, souvent drôle et néanmoins empreint d’un halo mélancolique, le film apparaît très juste et authentique. Le mérite en revient aussi aux (jeunes) interprètes, d’un naturel confondant, tous les rôles principaux étant tenus par des élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique.
À l’abordage, le 28 mai sur Arte, et jusqu’au 25 juin sur arte.tv
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