Adrien Quatennens : « La question sociale est prioritaire, imposons-la »

Le député de La France insoumise Adrien Quatennens dénonce la dérive sécuritaire actuelle et décrit, à l’approche d’échéances électorales, un programme de gauche pour y faire face.

Barnabé Binctin  et  Ivan du Roy  • 26 mai 2021 abonné·es
Adrien Quatennens : « La question sociale est prioritaire, imposons-la »
© Anne Paq
Comme le reste de ses camarades insoumis, Adrien Quatennens n’a pas participé à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, le 19 mai. Ce qui ne l’a pas empêché d’en subir directement les conséquences, bloqué sur les bancs de l’Hémicycle, où il siège en tant que député de la première circonscription du Nord. C’est donc un homme en retard malgré lui, et particulièrement remonté, que nous avons rencontré pendant deux bonnes heures au siège de La France insoumise (LFI), dont il est par ailleurs le coordinateur. L’occasion de revenir sur cette énième offensive de l’extrême droite, et d’interroger les stratégies et les propositions de son mouvement pour tenter d’y faire face, à un mois des élections régionales. Et à moins d’un an de l’élection présidentielle, pour laquelle son leader, Jean-Luc Mélenchon, a déjà fait acte de candidature. Pourquoi LFI a-t-elle décidé de ne pas se rendre à la manifestation du 19 mai, à l’appel de plusieurs syndicats de police ? Parce que nous savions qu’elle ne serait ni un hommage aux policiers tués ni une manifestation portant des solutions pour améliorer les conditions de travail des fonctionnaires. Nous nous sommes toujours associés aux hommages dus à la police. Mais là, sous couvert d’hommage, il s’agissait d’une manifestation revendicative prônant la surenchère sécuritaire. Ainsi, le syndicat Alliance y a affirmé que « le problème de la police, c’est la justice », et le porte-parole de l’Unsa qu’il faut « frapper les petites frappes ». Clou du -spectacle justifiant aussi notre refus : la présence du ministre de l’Intérieur – ce qui est inédit, qui plus est devant l’Assemblée nationale – aux côtés des amis de Madame Le Pen et d’à peu près tout ce que le pays compte de nuances d’extrême droite. Le tout pendant que le garde des Sceaux, hué par les manifestants, était dans l’Hémicycle. La question de la sûreté publique se pose évidemment. Mais qui peut croire que la surenchère pénale va dissuader les délinquants ? Que veut-on de plus que la réclusion criminelle à perpétuité prévue par le code pénal ? Que veulent-ils voir rétabli en France ? Certains de vos partenaires à gauche, Fabien Roussel du PCF ou Yannick Jadot d’EELV, ont décidé de s’y rendre. Ne craignez-vous pas de devenir la seule force politique catégorisée « anti-flics » ? Leur participation est une faute. Leurs justifications sont inaudibles. Quand tant de digues sautent, il faut tenir bon sur les principes. La France insoumise est traitée d’« anti-flics » par des organisations qui n’acceptent pas que l’on dénonce les violences policières. Nos propositions ne les intéressent pas. Sans leur appui, nous avons été les premiers à demander une commission d’enquête sur les suicides dans la police : quatre fois plus de policiers meurent en se suicidant qu’il n’y a de policiers tués en opération [54 policiers se sont suicidés en 2019, sept sont morts en opération en 2020, NDLR]. Nous voulons refonder la police républicaine de la cave au grenier : réhabiliter le terme de gardien de la paix, instaurer une police de proximité, accroître les formations, dégager des moyens supplémentaires pour la police
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