L’Écosse vers l’indépendance

Les élections écossaises du 6 mai 2021pourrait un jour compter comme un jalon majeur de l’histoire européenne moderne.

Patrick Piro  • 5 mai 2021
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L’Écosse vers l’indépendance
© JEFF J MITCHELL / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP

Le 6 mai 2021 pourrait un jour compter comme un jalon majeur de l’histoire européenne moderne. À l’heure où nous paraissons, le peuple écossais votait et il devrait redonner les clés du Parlement et du gouvernement au Scottish National Party (SNP, Parti national écossais). La quatrième fois depuis 2007. La nouveauté, c’est que le parti n’a jamais été en position aussi favorable pour concrétiser son rêve politique : l’indépendance. En 2014, en pleine ascension, le SNP avait obtenu l’aval de Londres pour un référendum. Le « non » l’avait alors emporté, par 55,3 % des voix. Mais sept ans plus tard, l’aspiration populaire à l’indépendance s’est accrue, majoritaire depuis des mois dans les sondages, même si elle s’est tassée à l’approche d’un 6 mai ultra-dominé par la question. L’enjeu, pour le SNP : décrocher la majorité absolue au Parlement. À moins d’un déni de démocratie, stipule Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise et cheffe du SNP depuis fin 2014, Londres ne saurait refuser un nouveau référendum d’autodétermination.

Et Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni, a toutes les raisons de redouter cette femme politique brillante et avisée. Car le projet indépendantiste a notablement gagné en clarté auprès de la population après l’échec de 2014. Depuis une décennie, le Parlement et le gouvernement écossais se sont évertués à marquer leur différence vis-à-vis des conservateurs au pouvoir à Londres par une politique « sociale-démocrate » affirmée, étiquette revendiquée par le SNP. La gestion de la crise du Covid-19 a mis en avant une Sturgeon bien plus prudente que le fanfaron Johnson du début de la pandémie. L’Écosse, qui a recensé 40 % de cas de moins que l’ensemble du Royaume-Uni et des journées à moins de 10 cas de Covid-19, a regretté de n’avoir pas la main sur la circulation transfrontalière.

Mais c’est le Brexit surtout qui a tracé la coupure la plus nette. En 2016, les Écossais·es ont voté à 62 % « No » à la sortie de l’Union européenne. Sturgeon se targue de vouloir la rallier dès que la nation deviendrait indépendante. Sa personnalité pourrait peser lourd dans la balance par l’empreinte qu’elle a donnée au programme du SNP, très social, féministe, attaché aux relations internationales. Elle est cofondatrice, avec ses alter ego néozélandaise et islandaise, du Partenariat gouvernemental pour l’économie du bien-être (Wego), qui donne priorité aux enjeux sociaux et écologiques sur la domination de l’économie. À ceux qui accusent par avance le SNP de diversion, avec sa carotte indépendantiste, Sturgeon a d’ores et déjà rétorqué que tout projet de nouveau référendum attendrait la fin de la pandémie, et pas avant 2023 en tout état de cause.

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Parti pris

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