La France insoumise réaffirme ses fondamentaux

Réuni du 26 au 29 août, le mouvement affiche sa sérénité en reprenant les bases de sa dernière élection présidentielle.

Roni Gocer  • 1 septembre 2021 abonné·es
La France insoumise réaffirme ses fondamentaux
© OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Entre village vacances et campus, La France insoumise (LFI) n’a pas tranché. Pour son université d’été, le mouvement s’est installé au palais des congrès de Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme, au bord d’un étang. Face au bâtiment abritant les conférences, une forêt de cabanons est sortie de terre pour l’occasion ; les guirlandes colorées poussent comme le lierre et les tracts comme la mousse. Juché sur une estrade au centre, Adrien Quatennens mime la décontraction. « J’espère que vous avez passé un bel été, que vous vous êtes bien reposés… » Sans attendre de réponse, il enchaîne : « Parce que désormais le repos va être plus que compté. » Évacuant la question de l’union de la gauche, le député du Nord veut soigner le moral des troupes, martelant que le programme du mouvement « est majoritaire dans le pays ».Devant l’assistance, il égrène quelques-unes des 42 propositions de LFI, testées dans un sondage commandé auprès de l’institut Harris Interactive. Les résultats font sourire la foule. Toutes les questions – très ouvertes – recueillent sans surprise une majorité d’opinions favorables. Sûre de son candidat et de ses idées, La France insoumise s’estime prête à entrer en campagne.

Sans la pression d’une primaire et de ses remous médiatiques, l’ambiance au sein du camp est légère. Les incertitudes paraissent moins nombreuses qu’ailleurs. Même si le programme complet ne doit sortir qu’au milieu de l’automne, son contenu devrait être dans la continuité du précédent, L’Avenir en commun. Sur son site internet, LFI donne déjà accès à quatre Cahiers de l’Avenir en commun (1), indiquant ses positions sur des axes de campagne – démocratie, écologie, urgence sociale et « indépendance de la France » – que le mouvement entend mettre en avant. « On est dans la continuité de 2017, mais avec une version mise à jour, expose le député insoumis Bastien Lachaud. Nous tenons compte du désastre des années Macron, et du contexte de la pandémie. D’ailleurs les problématiques que soulève le covid percutent déjà plusieurs de nos propositions, comme par exemple celles sur la fiscalité des Gafa. » À la différence de la précédente présidentielle, la formation de gauche pourra s’appuyer sur les informations dont dispose son groupe à l’Assemblée nationale pour consolider son projet. « Cette fois-ci, on n’a pas seulement un programme, mais on prépare aussi les décrets pratiques qui suivront si on gagne », assure la vice-présidente du groupe des député·es insoumis·es, Mathilde Panot.

Pour l’organisation de la campagne, l’objectif sera là aussi de tirer profit de la présence insoumise dans l’hémicycle. Et de la notoriété qu’elle induit. « Lors de la dernière élection, on reprochait à Mélenchon de partir seul, car il était le seul à être connu, reprend l’élue. Cette fois-ci, ce sera différent. Nous avons d’autres têtes d’affiche qui se sont fait connaître et qui joueront un rôle important. » Les regards curieux et quelques murmures au passage de la députée du Val-de-Marne illustrent bien ses propos.

Après les temps de formation et de débat en journée, des groupes de musique – pas toujours au goût des jeunes – prennent place sur une grande scène. Le dernier soir, un son-et-lumière sur l’eau fait davantage consensus. Pour cette édition, l’équipe organisant l’événement a souhaité qu’il soit plus festif que de coutume. Selon les chiffres qu’elle avance, plus de 4 500 personnes ont participé à son rendez-vous estival. Un record d’affluence pour LFI, qui supplante celui des autres formations de gauche. « Je suis surtout venu parce que c’est une rentrée politique importante », explique Majdi. En tant que syndicaliste étudiant, il se définit comme « observateur », autant auprès de La France insoumise que d’autres partis à gauche. « À titre personnel, je suis toujours favorable à une union. J’attends de voir ce qu’il se passe chez les Verts. » Hassiba, venue comme bénévole avec sa fille, risque de repartir du week-end avec quelques doutes. « J’ai peur que le bashing anti-Mélenchon ait bien fonctionné. Je ressens ici une inquiétude qu’il n’y avait pas avant. Pas seulement pour la présidentielle, mais aussi pour la situation actuelle à cause du passe sanitaire. »

(1) Les Cahiers de l’avenir en commun sont également édités par le Seuil.

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