« Rodéo » de Lola Quivoron : la vie plein pot

Son premier long-métrage met en scène une jeune femme éprise de motos et de cross-bitume.

Christophe Kantcheff  • 6 septembre 2022 abonné·es
« Rodéo » de Lola Quivoron : la vie plein pot
© Photo : Les Films du Losange.

Dans la cité où elle vit, Julia (Julie Ledru) est irréductible, réfractaire à toute injonction.

Rodéo de Lola Quivoron, 1 h 44.

D’ailleurs, sa passion, c’est la moto. Plus particulièrement le cross-bitume, une activité de « mecs » pratiquée sur une piste étroite, où l’on soulève sa moto pour avancer sur la seule roue de derrière, le summum étant de laisser glisser ainsi sa main gantée sur le bitume…

Rodéo – titre qui résonne malheureusement avec l’actualité, même s’il n’est pas ici question de rodéo urbain – vaut d’abord pour son personnage principal. Lola Quivoron insiste sur ces plans où Julia « s’éclate », atteint un bonheur qu’elle ne trouve pas ailleurs, quand elle pilote une moto – elle s’en procure deux frauduleusement pour elle-même, avant que cela devienne un trafic organisé.

Le parcours de Lola Quivoron démarre sur les chapeaux de roues.

Julia a en effet intégré une bande – seule fille parmi des garçons – régentée par un boss du fond de la prison où il purge une peine. Celui-ci contrôle tout, y compris sa femme, Ophélie (Antonia Buresi), qu’il oblige à rester confinée avec son enfant. Ce personnage retient aussi l’attention car peu vu au cinéma. Julia pourrait être pour Ophélie une voie d’émancipation. De la tendresse, une amitié, peut-être davantage, s’instaure entre elles. Qui n’est pas du goût du mari taulard.

Rodéo est le premier long-métrage de Lola Quivoron, qui a trouvé sur son long chemin pour parvenir à réaliser ce film Julie Ledru, elle-même éprise de motos, formidable dans ce rôle exigeant puissance et finesse.

Peut-être parce qu’elle débute, la cinéaste s’est rassurée avec quelques stéréotypes, comme celui de systématiser sa manière de filmer – à l’épaule, la caméra vibrionnante – pour renforcer le sentiment d’intrépidité. L’énergie du personnage étant déjà, à elle seule, éclatante. Qu’à cela ne tienne. On va suivre le parcours de Lola Quivoron, qui démarre sur les chapeaux de roues.

Cinéma
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