« EO » de Jerzy Skolimowski : supplément d’âne

L’odyssée d’un âne dans notre monde contemporain, entre violences et beautés, servie par une mise en scène brillante. Un hommage splendide à Au hasard Balthazar de Bresson.

Christophe Kantcheff  • 18 octobre 2022 abonné·es
« EO » de Jerzy Skolimowski : supplément d’âne
© Le film ne quitte jamais l'animal, qui subit le monde violent des humains. (Photo : Aneta Gebska.)

En prenant un âne pour héros de son nouveau film, EO, Jerzy Skolimovski, réalisateur d’une œuvre qui compte plusieurs grands films, dont les magistraux Le Départ (1967) et Travail au noir (1982), accomplit un double geste. Le premier est un hommage au film de Robert Bresson, Au hasard Balthazar, dont le protagoniste était un âne.

Film déjà très singulier à l’époque (1966), on y suivait l’animal de ses premières années jusqu’à sa mort, connaissant successivement différents propriétaires dont la présence à l’écran était peu ou prou équivalente à celle de l’âne. Le second consiste à radicaliser ce qu’a fait Bresson.

EO (« Hi-han » en français) est en effet entièrement focalisé sur l’animal. Celui-ci est de tous les plans, la caméra se situant au plus près de lui, fixant son œil, comme si elle voulait pénétrer son esprit. Le son est également important : le souffle de l’âne, ainsi que ses braiements, indiquent son état de stress ou de tranquillité. Pas d’anthropomorphisme, mais une

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Cinéma
Temps de lecture : 4 minutes