Le « Foch » : un bateau poubelle dans l’Atlantique

Le Foch a terminé sa course au fond de l’Atlantique, à 350 kilomètres des côtes du Brésil. Le 3 février, la marine brésilienne a annoncé avoir coulé le porte-avions, racheté à la France en 2000. Le naufrage volontaire met fin à des années d’errance pour le navire, revendu au printemps 2021 à un chantier naval turc pour être démantelé, mais abandonné au dernier moment par Ankara, qui craignait qu’il ne contienne trop d’amiante.

C’est donc à 5 000 mètres de profondeur que le Foch va libérer son cocktail d’amiante, de mercure, de résidus d’hydrocarbures et autres métaux lourds. « Un colis toxique de 30 000 tonnes », résume l’ONG Robin des Bois, qui s’attend à une « catastrophe environnementale » en deux temps : la mort immédiate des espèces qui peuplent les abysses sur le lieu du naufrage, puis la lente dispersion des substances toxiques au fil des courants en direction des Caraïbes, contaminant dans leur sillage planctons, poissons et baleines qui peuplent l’Atlantique Sud.

Mais le désastre aurait pu être évité. Le Clemenceau, navire-jumeau du Foch, devait connaître un destin similaire après sa vente en 2003 à une société allemande pour un démantèlement en Inde. Plusieurs ONG avaient alors protesté contre l’exportation d’épaves extrêmement polluantes des pays riches vers les pays pauvres.

C’est finalement une société britannique qui a pris en charge le démantèlement du navire, en Angleterre. Le Charles-de-Gaulle, actuel porte-avions de la marine nationale, prendra sa retraite en 2038 : avec sa propulsion nucléaire, son démantèlement posera aussi d’épineuses questions.