« Avers » : soif d’humanité

Dans ce recueil de nouvelles, Jean-Marie Gustave Le Clézio met en scène des enfants et des adultes en proie à la guerre, à la misère et à la froideur des sociétés.

Christophe Kantcheff  • 12 avril 2023 abonné·es
« Avers » : soif d’humanité
Jean-Marie Gustave Le Clézio dévoile l’humanité de ces indésirables dans toute son intensité, sa complexité et son innocence.
© Ulf Andersen / Aurimages / AFP.

L’avers et le revers sont les deux côtés d’une même pièce mais ne sont pas égaux. Le premier est considéré comme la face noble, offerte au regard ; le second, non visible immédiatement, draine en outre des significations négatives qui renvoient à l’échec, au malheur. Le mot « avers » donne son titre au livre de Jean-Marie Gustave Le Clézio et à sa nouvelle inaugurale, et apparaît une fois dans le corps des textes, précisément dans la première histoire, celle de la jeune Maureez Samson.

Cet « avers » concerne une médaille en or que celle-ci détient de son père pêcheur, sur une île au large de Maurice, dont le destin a voulu qu’il disparaisse en mer. Il la lui avait offerte en guise d’objet protecteur, non en raison de ce qui apparaît aux yeux de toutes les autres personnes : la valeur de son métal précieux.

Voilà bien une métaphore : l’avers, chez Le Clézio, n’est pas la face riche, luxueuse du monde, tandis que le revers en porterait la face sombre. Son avers est au contraire peuplé d’« indésirables » qui auraient tous bien besoin d’un talisman protecteur, ballottés qu’ils sont au milieu d’une guerre, misérables dans une société replète ou écrasés sous la botte du crime organisé.

Les plus petits signes de respect

Des indésirables en quête, souvent vaine, du nécessaire, pas seulement matériel, mais des sentiments les plus essentiels – l’amour, la solidarité – ou même des plus petits signes de respect, comme le simple fait d’être considéré comme une personne humaine.

Il y a aussi parfois l’existence, au loin, d’« un autre côté », un autre visage du même monde terrestre, un pays de cocagne où « il n’y avait pas la guerre, pas de voleurs », mais plus qu’hypothétique, comme le suggère le sort de cette femme qui s’est lancée dans le grand voyage : « Elle n’a plus donné de nouvelles, et tout le monde a pensé qu’elle était arrivée là-bas, de l’autre côté. Ou bien elle est morte, et c’est pareil. »

Plusieurs des protagonistes d’Avers sont des enfants. On ne s’en étonnera guère chez Jean-Marie Gustave Le Clézio, où ils figurent déjà dans nombre de ses livres. L’auteur semble nous glisser cette question à l’oreille : imagine-t-on ce que subissent tant d’entre eux ici comme ailleurs ?

« Tous les garçons qui erraient sur les routes, d’un camp à l’autre, tous ceux qu’il

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Littérature
Temps de lecture : 8 minutes