« Les assistantes sociales scolaires, ces héroïnes du quotidien »

Nathalie, avec d’autres collègues, se mobilise pour dénoncer l’invisibilité des assistantes sociales scolaires.

• 21 février 2024
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« Les assistantes sociales scolaires, ces héroïnes du quotidien »
Un élève de l'école primaire Bessières, en septembre 2017, dans le 17e arrondissement de Paris.
© Patrick KOVARIK / AFP

Les assistantes sociales scolaires, essentielles dans la protection de l’enfance, sont négligées par les politiques. Assistante sociale depuis 2009, Nathalie a rejoint le milieu scolaire il y a sept ans. Elle est également conseillère technique coordinatrice dans une académie francilienne (1). Avec d’autres collègues, elle se mobilise pour dénoncer leur invisibilité, qui minimise leur rôle en matière d’accompagnement des élèves.

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Article mis à jour le 4 mars 2024.


Au cœur du système éducatif, un pilier souvent méconnu mais essentiel se tient debout : les assistantes sociales scolaires. Ce sont de petites mains qui agissent dans l’ombre. Souvent ignorées, nous sommes des actrices incontournables au soutien des élèves en difficulté et jouons un rôle crucial en tant qu’expertes dans la protection de l’enfance.

Notre travail est essentiel en matière d’accompagnement des élèves et des familles en grande souffrance ou vivant des situations de grandes violences (sexuelles, intrafamiliales, de harcèlement scolaire, prostitution). Pourtant, un silence assourdissant plane sur notre profession. Nous sommes les grandes oubliées de l’Éducation nationale, négligées dans les discours des politiques de revalorisation. Il est temps de demander des mesures concrètes pour renforcer notre présence et notre impact.

Nous sommes déterminées à faire entendre notre voix.

Nous nous mobilisons pour sortir de l’invisibilité et avoir la reconnaissance que nous méritons. Nous sommes déterminées à faire entendre notre voix. Pour exercer nos missions dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, nous sommes 3 000 assistantes pour 12 millions d’élèves. Beaucoup d’établissements sont sans assistante sociale. Nous réclamons une revalorisation salariale, la création d’un nombre de postes suffisant et une réduction de notre charge de travail.

Il est également essentiel de sensibiliser le grand public et les décideurs politiques à l’importance de notre action pour la protection et le bien-être des enfants et des adolescents. Nous sommes des professionnelles engagées et ne devrions jamais nous sentir oubliées dans notre noble mission éducative que nous exerçons avec conviction auprès d’une institution à laquelle nous croyons.

Les assistantes sociales scolaires préviennent, repèrent, protègent et accompagnent les élèves et leur famille. Nous travaillons en étroite collaboration avec les parents pour identifier les besoins de l’enfant. Par des mesures de soutien appropriées, nous contribuons à la réussite éducative des élèves, en aidant à surmonter les obstacles personnels et familiaux qui peuvent entraver leur apprentissage. Nous recueillons la parole des enfants, menons des actions de prévention et intervenons pour garantir un environnement éducatif sûr.

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Nous favorisons une atmosphère scolaire propice à l’épanouissement. Notre travail est un maillon essentiel de la prévention de l’échec scolaire. Nous sommes impliquées quotidiennement. Nous contribuons à la santé mentale, à l’inclusion, à la lutte contre le harcèlement scolaire et contre l’absentéisme. Nous accompagnons nos jeunes avec une grande proximité, parfois pendant des mois ou des années en attendant qu’un relais se mette en place.

Nous coordonnons également les interventions avec les services sociaux et judiciaires pour garantir la sécurité et le bien-être des enfants. Notre action va au-delà du simple soutien psychosocial. Il est temps de briser ce silence et de mettre en lumière le rôle crucial des assistantes sociales scolaires dans notre système éducatif.

Trop souvent, nos efforts et notre travail sont relégués à l’arrière-plan.

C’est pourquoi nous nous sommes alliées pour former un front solide au travers d’un mouvement national, fruit de l’union de plus de 1 200 assistantes sociales (assistants sociaux du service social des étudiants et du personnel et assistants sociaux scolaires). Les syndicats sont déterminés à porter nos revendications sur ce que nous vivons comme une injustice criante. Deux d’entre eux qui sont représentatifs des personnels sociaux appellent à la mobilisation le 22 mars. 

Nous représentons la voix des professionnelles sociales de l’Éducation nationale qui, jour après jour, consacrent leur énergie et leur expertise à soutenir les élèves, les familles et les équipes éducatives. Cependant, trop souvent, nos efforts et notre travail sont relégués à l’arrière-plan, nos revendications ignorées et nos conditions de travail négligées. Nous travaillons parfois dans plusieurs établissements. Ce qui limite notre capacité à intervenir de manière efficace et personnalisée.

Notre expertise et notre compassion ne doivent plus être reléguées à l’arrière-plan. Il est grand temps de porter un regard attentif aux assistantes sociales scolaires, ces héroïnes du quotidien qui œuvrent sans relâche pour le bien-être des élèves.


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