« Jeunesse (retour au pays) », une parenthèse non enchantée

Après Jeunesse (le printemps) et Jeunesse (les tourments), ce nouveau volet clôt la trilogie de Wang Bing.

Christophe Kantcheff  • 8 juillet 2025 abonné·es
« Jeunesse (retour au pays) », une parenthèse non enchantée
© Gladys Glover CS Production

Jeunesse (retour au pays) /Wang Bing / 2 h 30.

Retour au pays ? Ce n’est pas l’histoire d’Ulysse, mais la fin d’une odyssée cinématographique signée Wang Bing, qu’il a tournée pendant cinq ans dans des ateliers textiles, à Huzhou, en Chine, où des filles et des garçons usent leur jeunesse. À l’instar de Frederick Wiseman, Wang Bing aime ces œuvres fleuves qui permettent une imprégnation inouïe auprès d’une multiplicité de personnages.

Après Jeunesse (le printemps) et Jeunesse (les tourments), Jeunesse (retour au pays) montre une parenthèse dans la vie de ces jeunes travailleurs immigrés, dont les familles habitent très loin : ils reviennent chez eux pour quelques jours au gré du Nouvel An. Tous sont impatients à cette idée, devant parfois attendre le dernier moment pour être payés, toujours chichement.

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Des trains bondés où chacun cherche une position pour dormir, des trajets dans la montagne sur des routes au bord du vide, des maisons au confort rustique. Une famille très pauvre ici, avec une mère pleurant devant la caméra car ne sachant comment s’en sortir. Une famille davantage classe moyenne là, avec la célébration d’un mariage. On s’accroche aux institutions, on crée des couples à 20 ans, parfois sans conviction, on se prosterne devant le dieu de la prospérité. Puis retour aux ateliers. C’est-à-dire à un moderne esclavage.

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Cinéma
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