Mosquée des Bleuets : un symbole de paix qu’on veut faire taire

La mosquée des Bleuets, lieu de culte vivant et respecté à Marseille, a été fermée cette semaine par décision préfectorale, dans un contexte politique marqué par des attaques répétées contre les libertés fondamentales et une stigmatisation croissante des citoyens de confession musulmane. C’est une décision politique, loin du droit et de la justice.

Nous souhaitons souligner la lourde responsabilité des autorités lorsqu’elles lancent des offensives nominatives contre des imams.

L’imam Ismail Bendjilali, apprécié bien au-delà de sa ville, subit également depuis des mois un acharnement pénal insensé pour ses prises de position contre le génocide en Palestine.

Il est également en très grand danger, menacé quotidiennement par les suprémacistes blancs sur les réseaux. Dans le contexte actuel, après l’assassinat d’Aboubakar Cissé dans sa mosquée, le meurtre d’Hichem Miraoui à son domicile, les intrusions violentes dans de nombreuses mosquées, les agressions de femmes musulmanes qui se multiplient après le « À bas le voile » de Bruno Retailleau, nous souhaitons d’abord souligner la lourde responsabilité des autorités lorsqu’elles lancent des offensives nominatives contre des imams et des personnalités musulmanes qu’elles devraient protéger contre la violence obscurantiste de l’extrême droite.

Au contraire, la répression frappe ceux qui se mobilisent contre les crimes racistes et islamophobes : en témoignent les perquisitions, les gardes à vue et la procédure engagée contre le CCIE et ses membres, survenue après la grande manifestation du 11 mai dernier contre l’islamophobie.
 Pourquoi déshumaniser l’imam Ismail Bendjilali et dans quel but ? Pourquoi vouloir fermer une mosquée dynamique et populaire, appréciée par tous les acteurs de la société civile locale ?


Justement parce que la mosquée des Bleuets est un des exemples positifs de la réalité de l’islam en France. Soit l’exact contraire de la propagande conspirationniste du gouvernement, matérialisée notamment par le rapport sur les Frères musulmans et deux conseils de défense qui font des musulmans un ennemi intérieur fantasmé à traquer sans merci, au mépris de toutes les règles d’une démocratie.


Loin des théories complotistes sur l’hydre islamiste, les sornettes sur une conspiration mondiale, les musulmans sont désormais aussi une force sociale comme les autres. Les mosquées comme celle des Bleuets luttent contre les fléaux qui dévastent la vie des habitants des fameux quartiers populaires dont tout le monde parle sans jamais rien y changer.


Aux Bleuets, on s’engage contre la précarité et l’on se préoccupe concrètement des plus pauvres. Aux Bleuets, on lutte contre le trafic et les ravages des addictions à la drogue par la diffusion de valeurs différentes.
 La Mosquée des Bleuets n’a attendu personne pour développer le dialogue interreligieux et un universalisme de combat.


Universalisme forcément vent debout contre un génocide commis en direct en Palestine et que toute la communauté internationale reconnaît désormais. En continuant à laisser faire.

 Et c’est l’action et le verbe juste qui sont reprochés à l’imam Ismail Bendjilali comme au président de la mosquée de Pessac, Abdourrahmane Ridouane, comme à Noureddine Aoussat, imam traqué par le pouvoir et perquisitionné pour l’exemple.


Dans le discours islamophobe qui se présente comme héritier des Lumières, les imams, et plus largement les musulmans, sont de dangereux obscurantistes au pire, des primitifs à contrôler au mieux.


La mosquée des Bleuets n’a attendu personne pour développer le dialogue interreligieux et un universalisme de combat.


Qu’ils incarnent aujourd’hui la résistance à la pire des barbaries, les crimes de masse commis en Palestine, qui soulèvent l’indignation bien au-delà des musulmans, est une réalité insupportable pour le pouvoir macroniste. Que les musulmans soient membres d’un front antifasciste large contre un génocide qui satisfait toutes les extrêmes droites de la planète dérange le récit séparatiste des nouveaux croisés à la « Bruno Retailleau », dont la guerre aux minorités et la guerre impérialiste sans fin sont le seul programme politique.


Dans un contexte global où la législation islamophobe sert de modèle et de laboratoire à la destruction des libertés fondamentales de toutes et tous, où la liberté de conscience, de culte, d’expression, de manifestation est remise en cause par un pouvoir discrédité qui n’a plus que sa police et l’extension infinie du logiciel prétendument antiterroriste pour se maintenir, nous, musulman·e·s ou pas, sommes aux côtés de la mosquée des Bleuets et de son imam.




Au nom de nos valeurs partagées, plus importantes que nos divergences, pour faire société ensemble et construire un autre avenir possible.



Signataires

JOLAPEH, Auteur et conférencier
Jérémie PIOLAT, Anthropologue et Docteur en Sciences politiques et sociales
François BURGAT, Politologue
Baptiste LASPANEZE, Éditeur écologiste
Abdourrahmane RIDOUANE, Président de la Mosquée de Pessac
Nourredine AOUSSAT, Imam et auteur
Benjamin BALL, Organisateur d’événements
Houria BOUTELDJA, Auteure-militante antiraciste décoloniale – Paroles d’Honneur
Anasse KAZIB (Révolution permanente)
Samir BOUSNINA, Militant décolonial et chroniqueur sur Paroles d’Honneur
Sabrina WAZ, militante décoloniale
Vincent MESPOULET, Enseignant
Hafiza B. KREJE (NPA Anticapitaliste)
Laurent PERLIN, Chargé de développement associatif
Géraldine DORIATH (Mouvement des mères isolées)
Nabil CHAQUIRI, Réalisateur
Julie SOUMANS (Mouvement des mères isolées)
Arland MEHMETA, Lignes de Crêtes Caen
Gabriel HAGAI, Rabbin
Farid BENNAI, Militant FUIQP
Said BOUAMAMA, Sociologue et membre fondateur du FUIQP
Mournia LABSSI, Inspectrice du travail, militante décoloniale
Amira ZALTER, Militante
Marie-France MORALES BERGER, Militante antifasciste
Feiza BEN MOHAMED, Journaliste
Rayan FRESCHI, Chercheur chez CAGE INTERNATIONAL
Aurore NERRINCK, Médiatrice culturelle
Elias d’IMZALENE, Conseiller politique
Jacques FATY, Footballeur international
Nasri NASREDDINE, Président de l’Association EL FESSILA
Chahreddine NATTAHI, Imam de Corbeil Essonnes
Mohamed MINTA, de la Mosquée de Décines
Yannis ARAB, Doctorant en histoire
Amal MOHAMEDI, Formatrice
Nousra BOUKHARA, Avocate au barreau de Strasbourg
Marwan MUHAMMAD, Statisticien
Bouna MBAYE, Ligue Panafricaine UMOJA
Abdelaziz CHAAMBI, Militant associatif et travailleur social
Imane DOUIS, Artisane, élue Sud Rail
Caroline CRANSKENS, SDLT 19
François Malik CHARRON, Porte-parole LFI 79
Emiliano FERNANDEZ, Secrétaire général UL CGT Melle – Révolution Permanente
Amar DOUIS, Élu SUD Rail
Joël ROMAN, Philosophe, Syndicaliste et militant associatif
Julien TALPIN, Directeur de recherches au CNRS
Annick THOYER, Ethnolinguiste, Retraitée
Samy DEBBAH, Conseiller municipal de Garges-lès-Gonesse
Adel AMARA, Conseiller municipal de Villiers-sur-Marne
Idriss SIHAMEDI, Directeur de SAFWA CENTER
Nadia MEZIANE, Précaire, Lignes de Crêtes
Haïm BENDAO, Rabbin
EL FEKI Iman, Doctorante en sociologie
BENFERS Samy, Conseiller municipal de la ville de Marseille
Karima DIRECHE, Historienne

Organisations

UJFP
Association RIMM (Rassemblement contre l’islamophobie et la marginalisation des musulmans)
Association UMMA (Union du Marseillais musulman anti-islamophobie)
UDMF (Union des musulmans de France)
LA RELÈVE FÉMINISTE
URGENCE PALESTINE
LES ALLIÉS DE LA PAIX
RMP (Rassemblement des musulmans de Pessac)
AL KANZ
PERSPECTIVES MUSULMANES
PIR (Parti des Indigènes de la République)
LIGNES DE CRÊTES
COLLECTIF ATTARIQ