Sarkozy, son fascisme rampant et la télévision confisquée…

Claude-Marie Vadrot  • 29 janvier 2012
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Dimanche soir, il ne restait que trois solutions : l’Inspecteur Barnaby sur France 3, La Guerre des fromages qui puent sur France 5 et La France sauvage sur Arte. Le Sarko-show s’est imposé partout ailleurs. Ne soulevant que quelques protestations de principe, voire quelques ricanements malpolis pour les plus intrépides.

Evidemment, nul n’est dans l’obligation de regarder la télévision. Sur TF1, il est d’ailleurs possible d’attendre 21 h 15 pour ingurgiter Braquage à l’italienne…

Le président français, suivant l’exemple finalement très réussi de son ex-ami Berlusconi, expérimentait le squat assumé des principales chaînes. Comme en Hongrie dont personne n’a entendu Sarkozy condamner le nouveau régime préfasciste qui glisse doucement vers la pensée unique, celle qui s’incruste dans les consciences. Pas plus qu’il ne trouve à redire contre les républiques ( ?) d’Asie centrale héritières directes de l’URSS mais possédant des métaux rares et des produits pétroliers. Des dictatures fascistes.

Oui, je sais, il faut faire attention aux mots trop forts, aux mots qui finissent par perdre leur signification. Mais c’est quoi d’autre qu’un menace fascisante cette OPA sur des millions de téléspectateurs pour leur offrir les mots et les idées subtilisés au monde de la finance et au Front National ? Si ça marche, si le monde médiatique ne couine pas trop fort, « ils » recommenceront en essayant de faire mieux la prochaine fois. Tout est question d’habitude et de dosage. Cela s’appelle l’homéopathie…

Cela me rappelle l’Italie mais aussi l’Union soviétique : les chaînes uniques présentes sur onze fuseaux horaires et dont le pouvoir organisait le décalage pour que la bonne et unique parole soit partout diffusée à l’heure du bortsch. Cela me rappelle aussi la Russie à partir du début des années 2000 quand Vladimir Poutine a mis progressivement la main sur toutes les chaînes, privées et publiques, pour imposer son point de vue et, notamment, transformer le conflit russo-tchétchène en guerre de religion, en guerre contre le « terrorisme ». Il n’a fallu que quelques années et quelques campagnes et un maximum de pression contre la presse pour que l’opinion publique se retourne contre les Tchétchènes.

Nicolas Sarkozy profite des pleins pouvoirs qu’il s’est progressivement attribué, des fichiers qu’il contrôle grâce à une police aux ordres, à la veille permanente sur Internet, aux préfets qu’il terrorise, aux journalistes qu’il câline, aux chômeurs qu’il entretient et multiplie comme une armée de l’ombre supplétive pour étouffer la démocratie. Atterré par le frémissement provoqué par François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, il révèle à la fois sa rage et ses projets encore subliminaux. Le président et son parti estiment donc que, la situation politique devenant pour eux difficile, il pouvait être payant, après avoir piqué les mots et les mensonges de l’extrême droite, d’appliquer ses méthodes. De glisser vers une dictature plus ou moins bien éclairée. Avec Carla Bruni en vestale…

On me rétorquera qu’un corbeau ne fait pas l’hiver. Mais que chacun se plonge dans l’histoire du XX ème siècle : la dictature est toujours progressive, insidieuse, passant d’une évidence à une autre, comme on est passé en douze ans d’un fichier génétique recensant les « criminels sexuels » au fichage de toute la population. A propos de ses dérives autoritaires, j’imagine le président répondre à la question qu’aucun journaliste ne lui posera : « Où est le problème, je suis le président ».

Marine Le Pen a pour l’instant gagné son pari. Si la population française, manipulée au cours des prochains mois d’une façon que nul n’ose imaginer, adoube à nouveau Nicolas Sarkozy, elle sera du gouvernement et de sa majorité. Les passerelles existent, il reste à les mettre en place. Les uns et les autres y travaillent depuis quelques mois, depuis que les programmes et les méthodes se rejoignent et que des ombres noires se rendent à la Lanterne…

Alors Sarko facho ? Ce n’est plus un slogan que je n’ai jamais proféré, juste une réalité qui se dessine parce que nous avons fini par nous habituer. Il est plus que temps de renoncer aux précautions de langage.

**PS Ce que le président a dit ? Je ne sais pas, l’inspecteur Barnaby n’a trouvé qu’un coupable qu’il a fallu interner. Heureusement qu’il y a eu un second épisode… *

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