Thomas Le Drian arrive, Thomas Devedjian s’en va

La Caisse des dépôts évite un scandale avec le départ sans bruit de Thomas Devedjian, quelques jours après la polémique autour de la nomination du fils de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.

Thierry Brun  • 18 février 2014
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Porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a imprudemment assuré le 29 janvier que Thomas Le Drian , fils du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian , avait « toute la légitimité » pour occuper le poste de « chargé de mission auprès du président du directoire » de la Société nationale immobilière (SNI) , filiale de la Caisse des dépôts et premier bailleur social français. La nomination de Thomas Le Drian , en fait propulsé au comité exécutif de la SNI, n’en finit pas de faire des vagues, notamment parce que les soupçons de recrutement partisan d’un rejeton dont le père est ministre ne sont pas une première dans l’histoire mouvementée de la Caisse des dépôts.

Il y a quelques jours, Thomas Devedjian , membre du comité exécutif de la première heure du Fonds stratégique d’investissement (FSI) , autre filiale de la Caisse des dépôts, a quitté sans bruit son poste pour rejoindre, le 12 février, le secteur privé (voir ici). Or, le recrutement du fils de Patrick Devedjian , député UMP et président du conseil général des Hauts-de-Seine, constitua en son temps un scandale.

Le FSI, imposé en 2008 par Nicolas Sarkozy à la Caisse des dépôts, a dû mobiliser la moitié des fonds propres de l’établissement public. Thomas Devedjian y a été bombardé dès la création en 2009, alors que son père, Patrick Devedjian , était ministre chargé de la mise en œuvre du Plan de relance , par conséquent ministre de tutelle du FSI.

Avant de partir pour le privé, Thomas Devedjian a bouclé le rachat par le FSI d’ Eramet au profit d’ Areva , une opération qui s’inscrit dans un vaste plan de redressement du groupe nucléaire, sur fond de soupçon de fraude et de conflits d’intérêt du géant minier français. Autre dossier douteux, l’investissement de 150 millions de dollars dans la sulfureuse compagnie de transport de containers CMA-CGM .

L’arrivée dans le giron de la caisse des dépôts du fils Devedjian passe par le pouvoir, alors entre les mains de la droite. Il fut conseiller technique au cabinet de Nicolas Sarkozy en 2004, puis d’ Hervé Gaymard et de Thierry Breton .

De son côté, Thomas Le Drian , passé par le cabinet de conseil KPMG, a été recruté à la Caisse des dépôt en novembre 2012, dans le cabinet de Jean-Pierre Jouyet . Ce très proche de François Hollande a été lui-même nommé directeur général de la Caisse des dépôts en juillet 2012, à peine trois mois après l’installation du gouvernement de Jean-Marc Ayrault .

Mais Thomas Le Drian doit sa nomination dans le comité exécutif de la SNI à son président, André Yché , indique Libération. Comme l’a révélé Médiapart, André Yché a été décoré de l’Ordre national du mérite dans les locaux du ministère de la Défense par Jean-Yves Le Drian , en juillet 2013. Soit six mois avant la nomination de Thomas Le Drian .

Le jeu de chaises musicales dans la Caisse des dépôts bat donc son plein. Selon Le Canard enchaîné, François Hollande aurait confié à ses conseillers être « très emmerdé » par la polémique autour de la nomination de Thomas Le Drian . S’il n’y avait qu’elle…

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