Courrier des Lecteurs
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L’enquête du livre La Meute a été faite de telle sorte que n’importe quel parti ou mouvement, passé au crible d’une critique « à charge » de même intensité aurait donné un résultat équivalent pour son image de marque. De plus cette intense charge contre Mélenchon censée être le BUZZ de la décennie, même rechargée par la meute elle-même quotidiennement a un peu raté son effet car d’une part certaines de ces dérives avaient déjà été exprimées par des membres de ce mouvement, dont j’étais, dans “l’Appel pour une sixième république dans LFI”, et que les accablants « Compléments d’enquête » sur Chikirou et Mélenchon ont atténué l’effet de buzz.
D’autre part, puisqu’il s’agit de Mélenchon, un homme marqué au fer rouge depuis le départ comme un “monstre cruel, vindicatif et détestable” (grâce à un travail de sape systématique : il suffit d’avoir vu les « Guignols de l’info » dès le départ (dont les vidéos me tétanisaient, moi qui l’appréciait) pour comprendre que l’intelligentsia réactionnaire en avait fait sa tête de turc avec décision de le dégommer. Donc stigmatisé à l’origine de son départ du PS, les dominants n’ont de cesse de le dénigrer faisant feu de tout bois… En attendant de trouver plus définitif ?
Il est évident que sa montée en puissance dans les élections présidentielles fait de lui « l’ennemi public numéro 1 » pour les dominants car il remet en cause le système social et économique. De plus, il a réussi à reconstruire la gauche et a même failli aller au « second tour », après avoir laminé les partis traditionnels de la gauche (voir les résultats du PCF, du PS et des écolos à la dernière élection présidentielle 2022, Jean-Luc Mélenchon : 21,95 %, Yannick Jadot : 4,63 %, Fabien Roussel, 2,28 %, Anne Hidalgo, 1,75 %.)
Alors oui il faut remettre des valeurs dans les agissements de la gauche, mais comment faire ? Les partis de gauche laissent hurler les loups, quand ils ne les accompagnent pas, paniqués de leur perte d’influence et de la progression de LFI… Ils participent même parfois aux aboiements en laissant courir les rumeurs les plus infâmes contre lui et les insoumis sans les atténuer : je n’ai pas entendu grand monde dans ces partis qui ait dit clairement que traiter les insoumis de terroristes, ou d’antisémites était inacceptable, contraire à la réalité et profondément injuste ! Or cela fait plus d’un an et demi que se déchaîne la meute des journalistes, hommes politiques de droite (depuis les « soi-disant » centristes jusqu’à l’extrême droite) jusqu’au président d’honneur de la Licra qui, serein et décontracté, compare « toutes proportions gardées » Mélenchon à Goebbels. Pardon du peu. À ce stade d’ignominie, il aurait carrément pu conclure comme notre charmant chanteur du siècle passé, Enrico Macias : « Il faut dégommer physiquement les insoumis ! » (dans une émission de Pascal Praud).
Il me semble que si JLM était moins soumis à toutes ces attaques des « chiens de garde » et de ses « alliés politiques » il serait peut-être moins farouchement réactif dans ses propos.
Petit rappel : l’attitude quasi unanime de la plupart des journalistes qui l’invitent et enchaînent les questions, laissant comprendre que ses réponses n’ont aucune valeur (mépris évident !), m’évoque l’attitude d’une meute de « chiens de chasse à courre » mordant les jarrets de la proie qu’ils attaquent pour leur « bon maître ». Une moindre agressivité des journalistes et moins de trahison de ses « alliés » politiques, pourraient, peut-être, améliorer l’ambiance. Et la reconstruction de la gauche pourrait alors, peut-être, s’opérer.
On a vraiment l’impression que le PS cherche à refaire l’entourloupe que Mitterrand a pratiquée à l’égard du PCF : le faire disparaître pour devenir LE parti de la gauche. Pour rappel : cette connivence du PS avec la pensée capitaliste a fait confondre PS et gauche. Ce qui a amené la population à conclure que droite et gauche faisaient la même politique et a desservi l’idée même de gauche qui s’est trouvée « affadie », inexistante et dissoute dans les discours ambiants. Lesquels discours qui dissolvent les pensées opposantes dans un « gloubi-boulga » où l’idéologie « libérale » domine avec des narratifs comme « la fluidité » qui remplace le « conflit social » par un « conclave » sur l’âge de départ à la retraite.
Autre rappel : le Danemark vient de voter l’âge de départ à la retraite à 70 ans ! N’est-il pas criant que dès qu’il y a « consensus mou » dans les propos politiques, le résultat est systématiquement la casse du peuple ? Quand on voit le nombre de personnes qui meurent avant 60 ans (et juste après), en France, comment analyser cette loi ? Ne peut-on pas dire que reculer l’âge de la retraite, déjà à 64 ans, est « criminel » ? Qui dans l’Hémicycle a osé cette remarque ? Des insoumis !
Nous sommes dans une guerre des classes et quand on voit la violence faite au peuple et la liberté d’action des mouvements fascistes pour qui la police sert de service d’ordre, ne doit-on pas mettre les arguments « bien-pensants » de côté pour réagir avec énergie contre la violence réactionnaire et la casse du peuple ?
Au cinéma, la tête haute
Le cinéma, c’est-à-dire le 7e art, restera une dimension à part, et pas seulement par son format culturel insoluble. Jean-Luc Godard disait à propos de la toile de cinéma que le personnage naviguant ou figurant à l’écran ne pouvait qu’être surdimensionné par rapport au spectateur, d’où sa magie ! Il poursuivait en considérant que le spectateur garde toute sa dignité à la projection d’un film en salle, car il tient sa tête haute, alors qu’en regardant la télé ou l’ordinateur, il l’incline (sa tête !). Boutade peut-être, mais qui a valeur de méditation à propos de la fascination immuable que suscite le 7e art. Le festival cannois a encore fait la démonstration cette année que les cinéastes préfèrent faire vivre leurs rêves, que rêver leur vie.
Le lobbying des firmes pharmaceutiques auprès des internes
Il y a quelques années de cela le comportement peu déontologique d’une firme pharmaceutique avait été dénoncé. Cette dernière avait, afin de réduire quelque peu la concurrence, offert quelques cadeaux luxueux à des pharmaciens. Ce qui a quelque peu choqué le citoyen lambda, c’était de voir qu’une ministre de l’époque avait bénéficié de ces largesses. De nombreuses voix s’étaient élevées pour demander sa démission, ce qui était tout à fait compréhensible compte tenu du sens des valeurs que cette personne devait incarner.
Certaines personnes ne comprennent pas pourquoi des règles très strictes encadrent de telles pratiques dans le domaine médical. En effet, de nombreux artisans n’ont pas de scrupules pour aller en voyage avec des entreprises qu’ils sollicitent régulièrement pour acheter les matières premières à la base de leur activité (cas des peintres notamment). Dans le domaine médical il est difficile d’accepter cette manière d’agir, car la base du travail des professionnels de santé, ce sont les patients. À ce titre il est impensable de profiter de largesses de laboratoires pour prescrire des molécules pas nécessairement efficaces vis-à-vis de la pathologie du patient.
Des dérives existaient par le passé, et conduisaient des médecins à participer à des voyages à l’étranger, ou à recevoir des cadeaux en marge d’études pas très déontologiques. Actuellement les pouvoirs publics ont condamné fermement ces pratiques, et les visiteurs médicaux que reçoivent les médecins doivent leur apporter une information en toute objectivité. Quelques soirées sont encore organisées avec ces firmes, soirées rythmées par des conférences qui sont validées par des instances très intègres.
Les syndicats des internes se sont épanchés sur l’intérêt de la visite médicale auprès des futurs confrères, et ont été à l’origine d’une interdiction de toute invitation de ces derniers à des congrès ou conférences. De cette manière ils n’avaient pas de possibilité d’être conduits à prescrire certaines molécules proposées par les firmes pharmaceutiques qui les invitaient. On ne peut blâmer ce comportement, même si l’étudiant est le libre arbitre dans le choix des traitements pour les patients qu’il prend en charge (l’étudiant qui a fait plus de 6 ans d’études est arrivé à acquérir une certaine maturité pour avoir un jugement éclairé). Nous devons adhérer à de tels changements très éthiques, changements appliqués également par les membres du Département de Médecine Générale.
Cependant, à ma grande surprise, ma dernière interne m’a interrogé sur le fait qu’elle recevait des messages sur son téléphone d’une entreprise qui vantait l’intérêt de la rencontrer pour sa future installation. Elle a été quelque peu surprise de se voir dans un regroupement WhatsApp concernant les internes, cela d’autant plus qu’elle n’avait pas véritablement donné l’aval pour adhérer à ce principe. D’autres collègues m’ont informé que cette pratique concernait également leurs internes.
Souhaitant faire la lumière sur cette situation que je considère personnellement pas du tout éthique (l’entreprise en question est en fait une structure qui cherche des médecins pour les collectivités moyennant un financement assez conséquent). Très rapidement j’ai téléphoné au syndicat de ces internes qui m’a informé qu’ils avaient un partenariat avec cette entreprise à but lucratif. Mon interlocuteur m’a même expliqué, de manière directe, que même si le jugement pouvait être négatif à ce sujet, travailler avec eux permettait d’obtenir des repas et des week-ends gratuits. D’ailleurs, il ne s’est pas caché du fait que cette entreprise avait eu la possibilité d’approcher les internes le jour de leur intronisation au sein de l’université, avec une participation financière de leur part je pense.
Je reste très surpris par cette attitude que je juge peu conforme aux codes de bonne conduite en tant que professionnel de santé. Nous comprenons facilement que certaines entreprises surfent sur une réalité quelque peu perturbante : celle d’une pénurie de praticiens. Aussi, tenant compte de cette situation, elles tentent de profiter de cette aubaine pour prospérer, et souvent de manière assez florissante. On peut comprendre dans certains cas cette pratique, mais d’une certaine manière avec un accord des instances étatiques comme l’ARS.
Dans ce cas de figure ces structures pourraient avoir comme fonction d’aider les collectivités à trouver des médecins. Cependant nous devons nous rendre à l’évidence les tarifs pratiqués par ces « surfeurs de la vague » restent prohibitifs, et ne sont pas conformes à des pratiques « humanistes ». Seules les communes ayant un budget conséquent peuvent s’offrir les services de ces « chasseurs de têtes ».
En fait, par le biais de cette tribune, je souhaite également m’exprimer sur la situation que nous vivons en tant que médecins généralistes. Dans notre secteur nous devons faire face à une pénurie de professionnels de santé. Cet état de fait a conduit à nous (4 généralistes) organiser pour essayer de pallier ce déficit pour nous partager notre activité professionnelle avec des collectivités n’ayant plus de médecins. Par voie de conséquence notre temps de travail se démultiplie, et nous arrivons à être sur le terrain plus de 80 heures par semaine.
Au-delà de cet investissement, il y a une semaine de cela j’ai vécu des situations qui m’ont bouleversé. Parmi les patients du cabinet éphémère que nous avons créé avec le concours de la CPTS, j’ai reçu 3 patients présentant de réels soucis de santé (ils nécessitaient une prise en charge chirurgicale en urgence). Ces personnes n’avaient pas eu la possibilité de trouver un praticien disponible pour les recevoir depuis 6 mois, ce qui était à l’origine d’un désarroi, mais surtout d’un retard de diagnostic concernant leur pathologie. Ces patients m’ont ému car je me suis dit qu’il est possible, en étant de l’autre côté de la barrière dans quelques années, d’être confronté à la même situation.
Je suis fier d’être médecin généraliste, je fais le maximum dans la mesure de mes disponibilités pour mes patients, car j’ai appris au détour de mes études les valeurs auxquelles ma fonction doit être attachée. C’est la raison qui me pousse à dénoncer des pratiques que je juge non conformes à mes idéaux.
Le programme du NPF, un socle commun pour la gauche
Le programme politique du Nouveau Front populaire est le socle commun de l’unité populaire. C’est sur cette base que nous devons réaliser l’unité de la vraie gauche et non sur la personnalité de J.-L. Mélenchon (qui au passage a permis à la gauche de continuer à exister… à espérer). Passer à la 6e République s’avère de plus en plus d’actualité afin de redonner le pouvoir au peuple. J’espère que Politis continuera à nous donner l’énergie indispensable pour ne pas céder au rouleau compresseur médiatique.
À vous lire !
No pasaran !
La santé sauvera l'écologie !
La santé est devenue notre bien le plus précieux. Dans les vœux, elle a ravi la première place au bonheur : « Bonne année et alors, surtout, la santé ! » La pandémie lui a donné un sérieux coup de fouet. Elle s’est imposée dans notre alimentation et dans la pratique d’une activité physique régulière : la population des joggeurs a explosé, les maisons sport-santé fleurissent. Elle s’installe en ville avec la végétalisation de certains espaces et la création de pistes cyclables. Elle peine à s’imposer dans l’agriculture sur fond de cancers liés aux pesticides, frappant les agriculteurs et les enfants vivant au voisinage des épandages. Les perturbateurs endocriniens et les Pfas, ces « polluants éternels », la menacent fortement, tout en dégradant les eaux et les sols. Elle devient une priorité au travail où sévissent stress et burn-out. On ne compte plus les études concernant l’impact du recours prolongé aux écrans sur le développement neurologique et le sommeil. Et la santé mentale occupe une place nouvelle dans le débat public.
Nous subissons une injonction quotidienne à préserver notre santé, préconisations de l’OMS et publicités comprises. Mais la palette des comportements reste large entre addicts (tabac, alcool, drogues, etc.) et hygiénistes, qu’il s’agisse de l’orthorexie, de la multiplication des gourdes bio avec capteurs intégrés vous rappelant de boire ou des compteurs de pas journaliers. Et l’injonction reste inopérante sur nos dirigeants politiques. Accros à la croissance et à la compétitivité, ils ont laissé se développer toutes les activités polluantes possibles. Tout en appauvrissant l’hôpital public, en délaissant la prévention, en installant la pénurie de médecins et les déserts médicaux. Finis les applaudissements aux fenêtres, envolées les belles promesses durant la pandémie, le système hospitalier est exsangue et l’IA ne réduira pas l’inégalité d’accès aux soins. Une communauté mondiale de destin reste à créer et n’y suffisent ni le constat de notre interdépendance ni celui d’une rapide dégradation des conditions de vie sur la planète : le souverainisme écrabouille toute croyance en un bien commun. Chacun comprend que les pics de chaleur seront de plus en plus ravageurs, directement et via des agents pathogènes dopés au réchauffement. Mais pour une majorité de citoyens, la fin du mois est la plus préoccupante et le changement de mode de vie n’est pas de saison. Je crois cependant en « l’espérance tragique » : une conscience responsable s’affirmera face à cette crise sanitaire aux allures de suicide sociétal. Elle rendra la transformation écologique désirable et l’imposera aux décideurs. Loin d’être punitive, l’écologie est thérapeutique !
Pepe Mujica
Ancien membre des Tupamaros, Pepe Mujica a passé plus de 23 ans en détention pendant la dictature militaire, dont deux ans au fond d’un puits. L’une des premières lois qu’il fait voter est la limitation du secret bancaire pour lutter contre l’évasion fiscale. Pendant son mandat, 75,5 % du budget de l’État sont consacrés aux dépenses sociales. Il autorise l’avortement et le mariage de personnes de même sexe, puis il fait réguler et autoriser la vente de marijuana. Son mandat de chef d’État à la tête de l’Uruguay laissera une image d’intégrité morale dans l’exercice du pouvoir ; il fait preuve d’une éthique sans faille et d’un mode de vie marquée par la frugalité. Il refuse d’habiter le palais présidentiel et rentre chaque jour dans sa petite ferme à bord de sa coccinelle bleue. Il donne 90 % de son salaire pour une association de logement social. Lors d’une forte vague de froid en 2012, il offre le palais présidentiel pour loger les sans-abri. Sa femme, Lucia Topolansky, deviendra députée, puis sénatrice et enfin vice-présidente de l’Uruguay en 2017. Chez Pepe Mujica la politique n’est pas qu’une affaire d’hommes.
À la fin de son mandat, l’économie et la démocratie en Uruguay étaient en bon équilibre. Dans une interview, José Mujica déclarait : « Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté, je suis juste contre la frivolité et la bêtise ! » Sous-entendu, contre la surconsommation et le gaspillage. Il était surnommé le « président philosophe », ce n’est pas usurpé !
José Mujica n’est pas arrivé au pouvoir par hasard, il s’est entouré d’une large coalition de gauche et de démocrates, « le Front large ». Ne serait-il pas temps de s’inspirer de l’esprit de Pepe Mujica pour un programme de gauche aux prochaines élections ?
Toussaint Louverture
La France a honoré et mis au Panthéon la dépouille de Toussaint Louverture. Mais on s’est bien gardé d’envoyer le remboursement de la colossale punition infligée au peuple haïtien pour le délit d’avoir libéré son pays de l’esclavage à fin de réparation.
Ce peuple n’en finit pas de s’être soulevé contre l’infâme esclavage. Il est temps, plus de deux cents ans après, de régler cette dette !
Deux personnalités remarquables
J’ai beaucoup apprécié votre numéro hors série « Fascisme stopper l’épidémie », mais je m’étonne que vous ne citiez pas deux personnalités remarquables impliquées dans cette lutte contre le fascisme : Salomé Saqué avec Résister (éditions Payot) et Mona Chollet avec son blog « La méridienne ». Ces deux femmes sont journalistes et essayistes, elles ont le mérite d’écrire très clairement et leurs passages dans les médias confirment la crédibilité et la force de leurs engagements, notamment sur France 5 dans La grande librairie.
La meute
Jusqu’où ira l’effondrement moral et intellectuel des pratiques politiques du capital – ici le CAC 4O – dans son acharnement morbide à poursuivre son système suicidaire d’accumulation surproductiviste et stérile de travail humain, spolié aux travailleurs en milliards entassés sans les banques, corollaire des surdensités urbaines dans les villes de béton invivables, qui conduisent à l’extinction rapide de l’humanité sous le réchauffement climatique et la fin des espèces ?
Les fake news et la manipulation de milliards d’humains par les Gafa et l’IA ont produit Trump, ce fou furieux de la régression économico-politique. La France lui emboîte le pas sauf qu’il y perdure ce fait extraordinaire, incroyable : la survivance de l’ultime parti révolutionnaire de masse in the world, LFI ! Son mérite historique est irremplaçable, après cent ans de division à gauche. Au Congrès de Tours, Blum rompit avec les révolutionnaires russes après avoir soutenu la guerre de 14-18, bien qu’il fût secrétaire du pacifiste Jaurès avant son assassinat. La tradition de la trahison sociale-démocrate était lancée ! 38, 45, 56, 83 ne furent que des rééditions !
L’ineffaçable mérite historique de Mélenchon est d’avoir, cent ans plus tard, débarrassé de l’horrible tare stalinienne, enfin réuni la gauche sur un vrai programme de remplacement du capitalisme, grâce à l’autogestion, seule issue au système de prédation qui mène l’humanité à la catastrophe dystopique ! Les socio-démocrates en viennent à choisir Glucksmann, rejeton d’un philosophe bourgeois de droite et de pacotille, étonnant sous-produit de ce courant capitulard que la meute télévisuelle s’emploie à gonfler.
Certes, Mélenchon dirige LFI sans naïveté. Il connaît bien les histoires sordides de la fin des partis révolutionnaires qui n’ont ni subsides ni postes à distribuer pour calmer les inévitables impatiences arrivistes. Le PCF après avoir su éviter Lecoeur ou Marty, passa de 20 à 2 % des voix en faisant gagner Marchais sur Leroy, son adversaire de vingt ans à la direction du PCF dans des turpitudes sans fin dont je fus moi-même le témoin comme proche de Leroy ! Staline était en 1940 le seul survivant du premier comité central du PCUS de 1917 : il avait fait exécuter les autres !
En France, la justice libérale bourgeoise a au moins protégé le parti ouvrier de ce massacre, mais c’est Marchais, braillard, ignare, qui, après 40 ans d’une lutte sans merci, avec l’aide des Russes, gagna sur Leroy, intelligent, ouvert, cultivé, dirigeant de la Résistance à 17 ans. Depuis, la même stupidité perdure sous la forme de l’infiltré Roussel, tout dévoué aux thèmes de la droite la plus classique, battu pour cela aux élections et qui ose évoquer la « secte » à propos de LFI. Il sait de quoi il parle avec son PCF sans adhérents ni suffrages. En dehors d’ultimes héritiers incorrigibles dans trois ou quatre départements, où sont les adhérents ? Mélenchon a su s’entourer de jeunes intellectuels brillants et incorruptibles, c’est son autre mérite !
Question à quelques-uns de mes anciens camarades du 76, département de Leroy : comment peut-on demeurer dans le même parti que Roussel, de la meute médiatique anti-LFI et pro CAC 40 ?
Je n’ai pas vu dans mon hebdo préféré (ou l’aurai-je manqué ?) une présentation du livre Je suis ma liberté, de Nasser Abu Srour, Palestinien emprisonné en Israël depuis des années et pour longtemps sans doute encore.
« Ce n’est pas un documentaire sur la condition carcérale et les prisonniers palestiniens, c’est un grand texte littéraire. »
Beaucoup de quotidiens, hebdos, radios en ont dit un mot. Voici le texte de présentation de Gallimard : « Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser a dit adieu au monde. Au fil des années, un lien particulier s’est noué entre ce Palestinien et le mur qui lui fait face : celui-ci s’anime, répond et change d’apparence selon que l’espoir ou le renoncement domine. Surtout, il lui inspire ce texte. Depuis sa cellule, Nasser raconte son histoire et celle de son peuple comme s’il les extirpait du mur, faisant surgir par ses mots le monde qu’il a quitté. Lorsque Nanna, une jeune avocate qui rend visite aux prisonniers, s’éprend de cette âme libre, le monologue du condamné devient dialogue ardent. Mais l’amour peut-il patienter ?
Tels les Bédouins puisant dans un lexique infini pour décrire le désert, Nasser Abu Srour fait de sa prison un univers en expansion. Entre réalité et onirisme, Je suis ma liberté est un hommage visionnaire au pouvoir émancipateur de la littérature. »
C’est un beau texte, on est très bouleversé par cette lecture, ce n’est pas “un documentaire” qui raconterait tout ce que nous savons déjà. Je pense qu’il a vraiment sa place dans Politis, qui se fait toujours l’écho des livres concernant la Palestine. Même si, je sais, vous ne pouvez pas parler de tous les livres.